dimanche 3 septembre 2006

Carnets de route : Madagasikara # 3


Nous y voilà: Nosy Bohara ou île Sainte Marie, petit paradis terrestre, ancien repaire de pirates, miraculeusement épargné du tourisme de masse: un vrai miracle!
L'île Sainte Marie a tout pour plaire, au large de la côte nord-est de Madagascar, baignée par l'océan indien et visitée chaque année par les baleines qui y viennent pour y mettre bas tranquillement..
C'est d'après les voyageurs qu'on y a rencontrés un mélange des Seychelles et des plus belles plages de la Polynésie française.... Je n’ai jamais vu ni l'un ni l'autre mais quand je regarde le lagon bleu et les cocotiers de mon petit bungalow, je suis prête à les croire...

Sainte Marie se mérite cependant: à part si vous êtes un Vazaha riche qui peut se payer l'avion (il y a une toute petite piste d'atterrissage) et que Air Madagascar n'a pas annulé ses vols en dernière minute (le lot quotidien), vous accédez à Sainte Marie après 12h de taxi brousse de la capitale (exclus les pannes, les changements de taxi brousse et les attentes pour que le bus se remplissent au max: ce qui prend le même temps)... et 2h30 de bateau (enfin ce qu'on appelle ici un bateau).
Cette dernière solution c'est ce que les guides de voyage vous déconseillent fortement mais on a persévéré !!!

Pour arriver en bateau à sainte marie, il faut partir d'un minuscule embarcadère dans un village perdu de la côte est (là où on a arrêté de construire la route tout simplement)... et franchir en bateau ce qu'on appelle "la passe". La "passe" c'est l'endroit où les eaux du fleuve rejoignent la mer et où les vagues et le courant sont les plus forts. Les gens vous rassurent en vous expliquant qu'il y a déjà eu des naufrages et que si le bateau rate la vague et qu'il se renverse, les courants vous emmènent au large… et au large il y a les requins tigres et les requins marteaux qui vous attendent (apparemment ce ne sont pas les requins les plus sympas et les accidents sont fréquents)... Je dois avouer que j'en ai quand même pas dormi de la nuit...
Pour parfaire le tout, ils embarquent 30 personnes dans un bateau prévu pour 16.. plus "le fret" (définition large qui regroupe tout ce peut monter sur le bateau: riz, vélo, poules, ferrailles, matelas..).. on a dû attendre plusieurs heures que la mer démontée se calme et nous y voilà... Quand vous franchissez la passe votre bateau passe plusieurs fois d'un angle de 10° à 170°.. vous avez intérêt à vous accrocher: c'est mieux que le "space mountain"!

Avant Sainte Marie, nous nous sommes arrêté à Tamatave, premier port de Madagascar, ancienne ville coloniale qui eu sans doute son temps mais qui aujourd'hui s'écroule de partout... On est resté chez une amie française qui vit pour 200 euros par mois, dans un véritable palace: grand appartement deux chambres, baies vitrées et terrasse de 60 m² donnant directement sur l'Océan indien, jardin, etc. etc.. Ca fait rêver quand on pense aux loyers bruxellois...

Après les manguiers de l'ouest, où vous n'avez qu'à tendre la main pour attraper une mangue juteuse, la route qui vous mène de la capitale vers tamatave et sainte marie est la route des litchis.. des grappes entières de litchis bien sucrés bordent la route...C'est le moment de la récolte.. On a fait le plein!

Pour faire cette route, on a emprunté comme toujours le transport local: le fameux taxi brousse.... on est tombé sur un conducteur cinglé... 80-90 km/h sur ce qui ressemble vaguement à une route et qui serpente dans les montagnes, pneus lisses (lisse ici c'est quand vous ne pouvez même plus deviner qu'il y avait des rainures) en écrasant toutes les poules et les canards qui traversent la route (on entend les bruits des os sous les pneus..)..
On se demandait sans arrêt combien de morts il allait faire (il y a plein d'enfants sur le bord de la route) et si on serait parmi les victimes..
heureusement, la chance était avec nous parce que cet assassin, à force de rouler à fond, a cassé son moteur.. Nous voilà en panne au milieu de nulle part mais vivants !
Heureusement on a rencontré Ferdinand.. Ferdinand, c'est un chauffeur de camion citerne qui nous a pris en stop avec son fils... Au début on n'est pas vraiment plus rassuré quand on voit les bouteilles de rhum à moitié vides dans les portières et que Ferdinand vous explique qu'il voit plus "droit" depuis qu'il a perdu un œil lors de l'explosion d'une dynamite.. mais finalement.. comparé au taxi brousse c'est sécurité maximale...
Le voyage s'est super bien passé... on voulait dormir après toutes ces émotions mais Ferdinand nous réveillait sans cesse pour parler français avec nous parce que j'avais eu le malheur de lui dire qu'il parlait bien français (Ca faisait des années qu'il était traumatisé après que, tout gamin, son instituteur lui ai dit qu'il parlait français comme une vache espagnole!)
Bref, le reste et détails de nos aventures au retour... pour le moment on vit au rythme de Sainte Marie: mora-mora (doucement en malgache).... balade en VTT, aujourd'hui on a loué une petite moto pour aller au nord où se trouvent les piscines naturelles et les cocoteraies, demain ce sera l'île aux nattes et peut-être snorkeling parmi les tortues...On ne sait pas encore comment on rejoindra Tana pour reprendre notre avion pour l'Europe.... peut-être rester ici? :-) Bises à tous

Carnets de route : Madagasikara # 2


Voilà. j'ai vu les premières gouttes de pluie et non des moindres, le genre de pluie tropicale qui vous mouille les os... Le tonnerre gronde et il semble que la ville s'est arrêtée de vivre...

Nous sommes maintenant au centre, à Antsirabe au sud de Tana où l’on a décidé de se baser pour quelques jours...
Antsirabe se trouve dans ce qu'on appelle les "hautes terres", c'est en effet assez haut en altitude et il fait donc assez frais. Les hautes terres font partie des régions les plus riches de Madagascar parce qu'on y cultive de tout... même des fraises et du raisin....
eh oui, ils font du vin à Madagascar (vous imaginez ma joie !)

En plus de tous les fruits possibles et imaginables qui poussent ici (dont je n'ai même pas réussi à retenir les noms), on y cultive comme partout dans le pays du riz.. ce qui donne des vastes étendues de rizières... Ca ressemble comme deux gouttes d'eau à l'Asie (ça m’a fait penser aux rizières en escalier comme à Bali) sauf que les baobabs sont là pour vous rappeler que vous êtes en Afrique.

Aujourd'hui nous sommes allés à la gare et avons négocié un taxi pour la journée, enfin un truc qui roule.. parce que j'ai pensé tout le trajet que j'assisterais à la mort de la Peugeot 104 (que même la casse en Belgique ne voudrait plus).. mais rien à faire.. on ne sait pas comment ils font, mais ils arrivent à tout faire fonctionner ici !

La ballade était très belle, on a à nouveau traversé des villages où les gens vous accueillent comme si vous étiez leur grand frère/sœur partis depuis des années...

On est arrivé à l'heure de la sortie des écoles: Chaque école a son dress code: jaune, vert, mauve, bleu, rose... ca vous donne des centaines d'enfants de toutes les couleurs qui crient "vazaha" à tout bout de champs et se battent pour poser pour les photos (ils adorent poser pour les photos et se voir "dans la boite" ensuite)

Les gens sont incroyablement gentils ici, ils rigolent pour n'importe quoi.
En revenant de la plage à Morandave, on a rencontré un grand groupe d'une vingtaine de personnes qui étaient en train de danser en file indienne autour d'un minuscule transistor, aussi bien les plus vieux que les petits gosses...
ils nous ont expliqué, qu'ils étaient fatigués d'avoir fait la route de tana et que c'était un moyen pour eux de se détendre... Je ne sais pas si on verrait ça le long des autoroutes françaises en juillet-aout.. :-)

Ils sont marrants aussi dans leur façon de s'habiller.. Dans les villages éloignés, on a l'impression qu'ils récupèrent tous les vêtements que les Vazahas leur ont laissés: T-shirt du tour de France, grosse veste polaire sous 30oc, .. et j'ai même croisé un paysan qui portait le maillot du FC Charleroi !!! Vrai de vrai! :-)

A part ça, on va dire définitivement au revoir à John ce soir (le guide rasta), ils nous a accompagné jusqu'Antsirabe pour y trouver du boulot. On est devenu amis, Il nous a présentés à sa famille qui habite un petit village sur la route qu'on a emprunté pour arriver ici.

Sinon, je pourrais vous parler aussi des 2 nouveaux moyens de transport que nous avons testé: le char à Zébu et le Taxi brousse.

Notre expérience en char à zébu fût assez dramatique: nous avons dû traverser un fleuve, le char a pris l'eau et les 3 poules que nous transportions avec nous ne sachant pas nager, se sont noyées... le petit gosse d'à peine 3 ans qui nous accompagnait s'est chargé de les achever en leur tranchant la gorge dès qu'on a atteint le rivage..

Le taxi brousse fût moins dramatique mais plus éprouvant.. le taxi brousse est le moyen de transport le plus connu et le plus populaire de Madagascar...
On l'a pris de Morandave (où on était lors de mon dernier mail) pour venir ici : 500 km et 20h non stop de taxi brousse !

Le principe du taxi brousse est de prendre la bagnole la plus pourrie que vous ayez et y entasser le maximum de personnes (4 par banquette en moyenne), ce qui vous oblige à parcourir les 20h de pistes en position fœtale.. pas vraiment agréable....Vous agrémentez ensuite le tout en essayant de vous arrêtez sans raison le plus souvent possible pour que le trajet dure le plus longtemps possible.. Par exemple, on a démarré, avec 2h de retard parce qu'un flic trouvait qu'on était trop chargé (c'est vrai qu'ils avaient bien rentabilisé le toit aussi) et que nous ne pouvions dès lors pas partir (il n’avait pas compris le principe du taxi brousse sans doute).. on a donc attendu qu'un autre taxi brousse passe pour nous décharger mais ils étaient tous plein (ben oui...)..
Après deux heures d'attente, le flic, ayant sans doute jugé que son autorité avait été honorée, nous a laissé repartir.... Je vous passe les pannes, crevaisons, etc. etc...

Bref, le cyber café, ferme.. je dois partir....

Je vous donnerai des nouvelles de notre prochaine destination: sainte Marie, île paradisiaque ou le sud... on décide ce soir..

Bises à tous !

Carnets de route : Madagasikara # 1


Selamana !

Après une semaine de voyage intense (J'ai l'impression d'être partie depuis des siècles) me voilà enfin au premier village ayant un accès internet...
Enfin tout est relatif, il ne faut pas moins de 20 minutes pour ouvrir son compte hotmail...

Le village se trouve sur la côte ouest, côté canal du Mozambique et ressemble à un village de Far West, digne des plus beaux Lucky Luke...

Nous sommes arrivés Lundi dernier, à la sortie de l'avion nous avons partagé, un taxi avec Michel, un malgache sympa, marié à une française avec qui nous avons directement sympathisé,... Il nous a fait faire le tour de la capitale malgache et nous a présentés à lemama, alias John qui est finalement devenu notre guide et ange gardien durant cette semaine.
John, c'est un petit malgache rasta sympa, qui chante toute la journée des chansons du plus grand chanteur malgache de tous les temps, "Dada de Fort Dauphin".. Si vous n’avez jamais entendu parler, de lui.. moi non plus jusqu'il y a une semaine :-)

Nous sommes partis le jour même vers le sud ouest...Antsirabe (capitale du pousse pousse, taxi à traction humaine.. vraiment d'un autre siècle) et ensuite vers Miandrivazo, ville la plus chaude de Madagascar et point de départ pour la descente vers le fleuve tsiribinha...

C'est difficile de relater toutes les émotions, les couleurs, les odeurs et les ambiances parce qu'ici il n'y a rien de comparable à L’Europe... Aucun point de repère, et ce qu'on appelle "ville" ici ressemble plus à Astérix le gaulois qu'à Bruxelles ou même au plus paumé des villages belges..

Bref, nous voilà partis pour la descente en pirogue sur le fleuve tsiribinha.. 150 km.. et trois jours de pirogues sur un soleil de plomb... avec tentes, provisions (provisions ici = poules vivantes qu'on embarque avec et tue le soir pour la manger)
On voit de tout: Lémuriens, martin pêcheur, crocodiles (ici même les crocodiles sont gentils et ont peur de vous), hérons, serpents, mille pattes énormes, caméléons, etc. etc..et même un arc en ciel qui forme un cercle autour du soleil (vous avez déjà vu ça vous?)
Tous les villages dans lesquels on s'arrête et ou toute apparition de blanc (vazha est le terme pour les désigner ici) est un véritable évènement... Des dizaines d'enfants vous entourent, vous sourient,.. et c'est vraiment difficile de ne pas repartir avec l'un d'eux (si seulement la pirogue avait été plus grande ! :-))
La pauvreté est flagrante et dure à vivre.. la moindre boite vide de sardine qui vous laissez trainer deux secondes avant de la jeter est emparée par les gosses qui la lèchent pour terminer la moindre particule de nourriture que vous y auriez laissée...

Je n'ai pas bcp de temps pour donner les détails des villages mais les photos suivront..!

Le bout du fleuve nous menait à la réserve nationale des tsingy (patrimoine mondiale de l'humanité, et apparemment célèbre depuis que National Geographic en a fait une double couverture)... c'est vraiment vraiment époustouflant....

Les tsingy sont des formations calcaires autrefois au fond de la mer et qui se sont soulevées avec la tectonique des plaques terrestres. Ces plaques calcaires et poreuses soumises à l'acidité, des pluies ont été sculptées et forment des pics (vraiment très tranchants) d'une bonne centaine de mètres de hauteurs.... Vu du bas, on croirait faire de la plongée sous marine à ciel ouvert (certains descendants d'animaux marins, devenus amphibies y vivent toujours) , vus du haut, c'est une mer de pics avec des canyons de forêts....
(on a tout grimpé, avec baudriers (sais pas comment ça s'écrit) et traversées de ponts au dessus du vide.. c'est une expérience en soi)

Après toutes ces émotions, nous avons terminé, la soirée au bal de la gendarmerie locale.. je ne le décrirai pas mais vous laisserai deviner.. les musiciens sont payés par la vente de poules aux enchères avant le commencement des festivités...

Nous avons fini notre périple de façon luxueuse en 4 X 4 avec les pistes de terre rouges et les baobabs en guise de platane... 4 X 4 qui n'avait plus d'allumage (on se met tous à la pousser pour la faire démarrer), plus d'embrayage, un pneu crevé, (et évidemment plus de roue de secours, ce serait trop facile), plus de fenêtre, et plus de suspension (heureusement, il y a le système M, i.e.: système Malagache des gens inventifs: la suspension, c'est un morceau de bois de tamarin avec un chambre à air, le pneu on le regonfle avec un truc qui ressemble à un pompe à vélo, le liquide d'embrayage c'est un mélange d'eau et d'huile de Soya.. )

Aujourd'hui nous avons passé, notre journée à la plage avec deux français qui vivent à Mada et demain.. ben demain nous n'avons AUCUNE ide de ce que nous allons faire (le sud ou l'est.. ou peut-être bien rester un peu ici...)

Les distances sont longues... 50 km peuvent être parcourus en 3h si tout va bien... les routes sont mauvaises et les cyclones n'arrangent rien...

Je dois y aller.. on m'attend pour le repas du soir.. : Zébu (à prononcer dgibi). le bœuf local.. tendre et savoureux...

De grosses bises ensoleillées..

veloma !

Carnets de route : Inde # 3


Et le dernier mail pour ceux, qui j'espère, auront un peu voyage avec nous....

Apres ma regrettée Jaisalmer, nous nous sommes reposés deux nuits a Jodpur, deuxième plus grosse ville du Rajasthan (Vous ai-je déjà dit qu'on aimait pas les grosses villes indiennes? ;-)). Carlos était malade, fiévreux, son estomac et ses intestins l'ayant lâchement laché... (je l'ai suivi deux jours plus tard, par amour et solidarité, dans son état de santé dysentérique.. ;-)) L'avantage, c'est que maintenant on partage le petit antibiotique du matin et le petit antibiotique du soir.. ;-)

Le train Express Jaisalmer-Jodpur met près de 9h pour parcourir moins de 300km (Ca ne s'invente pas!). A bord, c'est une dizaine de personnes par banquette, auxquelles il faut ajouter ceux assis en hauteur, ceux obligés de rester debout, ceux assis dans le couloir, les vendeurs de Masala Chai, de madarines, etc.
Les toilettes parfument le wagon, ca sent l'urine à plein nez, et comme on traverse une partie du desert, on mord la poussiere....Le seul moyen de ne pas etouffer, c'est d'aller de temps en temps prendre l'air; la porte du train qui donne sur l'exterieur reste ouverte, meme quand le train est en marche, vous pouvez alors passer la tete en esperant qu'aucun train n'arrive dans l'autre sens.. (j'ai teste pour vous! ;-))
Une vieille dame de 85 ans (son fils avait fait les présentations) s'était allongée et endormie dans le fonds de la banquette sans se soucier des gens assis quasiment sur elle (ici il faut défendre son espace avec férocité sinon on est rien!). Elle devait certainement rêver qu'elle gambadait dans la campagne parce qu'elle agitait sans cesse ses jambes et m'a donne des coups de pieds tout le trajet! (Aucun moyen de faire quoi que ce soit, ici on respecte la seniorite! ;-)).
Pas besoin de dire non plus que c'etait encore l'effervescence puisqu'on était les seuls blancs assez fous pour prendre ce type de train.
Difficile de lire ou s'assoupir, ils venaient tour à tour vous présenter leurs petits garcons, petites filles, serrer la main, discuter.. Parfois ils nous parlent en Hindi ou dans leur dialecte comme si on les comprenait; si on repond par un sourire alors ils sont heureux et reprennent de plus belle...

Ceux qui parlent anglais vous abordent toujours avec le questionnaire classique: nom, pays d'origine (là, selon les cas, ils connaissent toujours un cousin qui s'y est rendu ou y habite. Ils adorent, cela va de soi, tous les gens qui viennent de votre pays. L'Espagne est leur pays préféré.. et la Belgique aussi bien entendu!! :-)).
Ensuite ils vous demandent votre âge et si vous êtes mariés (au debut on disait oui pour ne pas que le choc ne soit trop important, mais alors ils vous regardent avec suspiscion parce que vous n'avez pas d'enfants...). Et pour terminer, votre profession et parfois salaire (Là, on repond simplement employé.. allez expliquer à un Indien d'un village que Marketing est une profession.. et une profession qui sert a quelque chose!).
Ils sont extrêmement indiscrets mais sont à leur tour ouverts (on peut sans problemes leur retourner la question).. mis à part que je ne pense pas qu'ils comprennent la signification du mot "pourquoi"; ils répondent toujours "parce que c'est comme ca".. comme si tout etait immuable (ce serait pas ca aussi qu'on apelle la fatalite?).. Un Indien nous avait dit: 'If too many questions in your head, then headache, then no sleep, no good life, no good karma".. Qu'en dire de plus? ;-)

Jodpur est surnommée la ville bleue.. (on n'aurait pas pu mieux choisir; toutes les maisons sont peintes en bleu ;-) ) et s'étend sur plusieurs dizaines de kms.
On est resté dans une petite guesthouse familiale. De son toit, on surplombe la cité. Les rues sont labyrinthiques et étroites, et les maisons imbriguées les unes aux autres. On a l'impression qu'on pourrait parcourir la ville entière en sautant de toit en toit.. Et même de là-haut, on entend "Hello, what's your name, which country?, etc,..". Des vrais paparazzis!

En tant que ville importante, Jodpur est un noeud ferroviaire (un hub quoi! ;-)). Le hall de gare est énorme, infesté de rats (comme toute la ville elle-même d'ailleurs) et rempli, rempli de gens accroupis ou allongés à même le sol. Il y a des vieillards qui dorment avec, dans leur bras, leur béquilles bricolées en bois; des femmes qui allaitent leur bébé; des familles qui mangent ensemble ou preparent à manger, des petits à moitie nus que leur mère tentent de réchauffer contre elle, des hommes qui jouent aux cartes.. On se croirait dans un camp de refugiés. Vous enjambez alors les corps comme un fantôme.. ils ne vous voient même pas.. sensation bizarre.. On dirait qu'ils sont devenus insensibles au monde exterieur.. sorte de carapace d'auto-defense..
De même, la nuit, les trottoirs sont remplis de gens qui dorment par terre sous des couvertures de fortune.. Une grosse partie de la population vit dans une misère indecente.. Plus d'1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvrete...
No comment.

J'ai visité Jodpur seule, Carlos étant malade et cloué au lit. Voyager complètement seule dans les grandes villes indiennes en tant que fille est une réalite autre.. Et j'ai vraiment détesté l'experience!

Les mâles porcins de la race des obsédés sexuels sont une espèce relativement commune que l'on trouve dans des proportions diverses à travers le globe mais qui semble proliférer de facon massive dans les contrees indiennes.
Si le mâle porcin indien mate avec insistance les filles occidentales accompagnées (j'attends toujours avec délectation qu'il y ait un petit con qui se casse la gueule de sa vespa à force de se retourner), il semble se muer en mâle porcin de type entreprenant (c'est un euphemisme) quand la dite fille est seule et sans defense.
Les mâles porcins de la race des obsédés sexuels semblent connaitre un developpement exponentiel ces dernières années au sein des jeunes générations, étant nourris de cocktails explosifs et contradictoires de tabous sexuels religieux forts et d'images occidentales de type pornographique.
La religion, en maintenant les gens dans l'ignorance, les prive de l'éducation et connaissance nécessaire pour se forger une opinion personnelle basée sur des informations non tronquées.. Elle fabrique de ce fait des petits pervers sexuels..
Les mâles porcins indiens bombardés d'images hollywoodiennes (ce n'est en general pas les films d'auteur qui leur parviennent jusqu'ici) et de clips genre MTV ou la blonde occidentale est une fille pour le moins facile, liberée et en demande de sexe, s'imaginent en extrapolant de façon bête et dangereuse que l'occidentale voyageant seule est une fille ouverte, prête à s'offrir et ne demandant qu'à se faire toucher comme une vache laitiere.
En effet, si vous elevez le male porcin dans un contexte d'interdit religieux forts (les interdits étant la, comme chacun le sait, pour être bravés) et d'images de la femme impure et soumise a l'homme.. cela donne que la femme occidentale est une chose faite pour être utilisée sans respect par les hommes ("You take it as easy as a sweet" .. texto de la bouche d'un Indien)...
Sur les 3 premiers quarts d'heure que je me suis balladée seule, je me suis faite "aggressée" 3 fois (une bonne moyenne). Cela a été
de la bande de gamins de 15 ans qui vous reclament un "kiss" en vous menacant de vous bruler avec une cigarette, à deux petits attardés mentaux qui vous suivent pendant plus d'une demi heure pour finalement arriver par derriere et vous attraper par les seins, ..en passant par un petit gosse de 10-11 ans (vous lisez bien) qui arrive avec un air angelique pour finalement vous caresser les fesses et courir après vous en hurlant "tits" (j'ose à peine imaginer le modele paternel qui a engendré ça!).
Apres 3/4h, j'avais ma dose! En arrivant a la guesthouse, les 3 frères de la famille voulaient les retrouver pour leur casser la gueule, j'ai laisse tomber.. Pas besoin de tomber aussi bas qu'eux; la densité de cons étant deja à son maximum! Je suis repartie me ballader l'apres midi sans plus aucun problemes.
Le soir même, on a rencontré une Allemande a qui il etait arrivé ce genre de choses. Admirant seule un temple ancien décoré de scenes du Kamasutra, les mâles indiens avaient fait la deduction très logique qu'elle etait en apprentissage et ne demandait qu'à passer à la pratique. Elle s'est donc faite harcelée et même poursuivie par des mecs a moto. De même qu'une nuit elle s'est reveillée, un mâle indien ayant fait irruption dans sa chambre. (Une fille occidentale seule, selon leur schema mental, est là pour se faire utiliser par les hommes.. et ne demande que ca).
Elle m'assurait que depuis 9 mois qu'elle voyageait seule en Asie du Sud, elle n'avait jamais eu aucun probleme, mis à part en Inde. Dégoutée et traumatisé
e, elle pensait abréger son voyage et rentrer chez elle.
Je pars du postulat que ce ne sont pas la majorite des Indiens..bien que maintenant, quand ils matent(Environ 1/3 des hommes selon moi, 80-90% selon Carlos), je me demande ou cela s'arrêterait si j'étais seule.. Cela ne m'empeche pas de penser a toutes les personnes formidables, douces et gentilles que l'on rencontre ou a rencontré.. L'Inde est comme la vie, faite de contrastes.. et il faut les aborder sans a priori.. sauf que maintenant ca me demande un effort et perd de son charme...

Carlos trouve que les Indiens de maniere générale manquent enormément de respect entre-eux et envers les étrangers (ils vous bousculent sans s'excuser, ne connaissent pas les files, crachent, jettent tout par terre..). Je nuancerait en ajoutant qu'ils n'ont pas de respect dans notre conception occidentale du respect. Ils sont habitués a vivre empaquetés les uns sur les autres et développent sans doute une certaine lassivité et une agressivité passive (il suffit d'observer le petit belge moyen dans un embouteillage).
On a mangé hier avec un européen d'une soixantaine d'annees qui a voyagé toute sa vie et a certainement parcouru 90% des pays du monde. Il nous disait que l'Inde est selon lui certainement le pays et la population la plus difficile a comprende.. "You travel the world and you travel India".. Une belle conclusion....

Après Jodpur, moins de 300kms plus loin mais 7h de bus.. Udaipur! Consideree comme la ville la plus romantique du Rajasthan.. et c'est vrai!
Udaipur est très jolie avec son lac immense au milieu des collines (encore), son palais de Maharana (titre au dessus des Maharaja) grandiose et son "lake palace hotel" qui semble flotter au milieu de l'eau...
Pour les amateurs du genre, c'est la qu'a été tourné "Octopussy" de la serie des 007. Les diners aux chandelles qu'on s'est permis au bord du lac valent bien Venise mais a l'interieur de la ville c'est la circulation à l'indienne et coups de klaxon incessants auxquels il faut ajouter cette fois quelques éléphants ! (Vous ai-je deja dit qu'on aimait pas les grosses villes indiennes?). Je ne compte plus le nombre de chiens que j'ai croise titubant, le crâne a moitié défoncé ou déchiqueté d'avoir tenté de passer d'un côté à l'autre de la rue.

Comme notre voyage prend fin, on a decide de faire une retraite dans un endroit calme.. et Bundi (où nous sommes depuis hier soir) semble être l'endroit idéal.. Un havre de paix au pied d'un palais suspendu, non encore pollué par le tourisme de masse car relativement à l'écart et difficile d'accès.. La seule chose qui trouble son calme, ce sont les singes qui vous guettent pour vous voler tout ce qui depasse.. Les guesthouses vous fournissent le bâton pour les faire fuir...All inclusive! ;-)

Ensuite ce sera le moment de mettre le cap sur Bombay, mégalopole de plus de 16 millions d'habitants. On a eu chaud; plus aucun train disponible pour s'y rendre.. heureusement, on s'est rendu compte in extremis que dans les trains, il y a des quotas réservés pour les vieillards, pour les handicappés, pour les personnes atteintes du cancer.. et pour les etrangers! Je ne sais pas si on doit se considérer comme privilégié, ni si on peut cumuler ;-)

On essaie de ne pas penser à la rentrée, ni au coup de massue que le retour a Bruxelles représente toujours après ce genre de voyage.

Si vous ne nous voyez plus.. pas d'inquiètudes, c'est qu'on sera resté quelque part devant un coucher de soleil...

Bises à tous et couvrez vous bien! ;-)

Carnets de route : Inde # 2


Apres Roopangarh (minuscule village au nord de Pushkar où nous avons été accueillis comme à l'habitude par 50 gosses qui vous suivent et vous tiennent la main, les vieux du village qui veulent se faire prendre en photo, etc.. un grand classique.. dur la vie de star... :-) ), nous voilà à Jaisalmer.
J'ai passé mes 16h de voyage en train jusqu'ici comme prévu, c'est à dire sur la banquette en metal... pas de bakshish pour la 1ere classe... On a tué le temps comme des gosses avec un militaire indien sympa à qui Carlos faisait faire des rankings: ses 10 villes favorites, ses 10 plages favorites, etc.. Ca entrenait une conversation fournie.. des vrais gamins! :-)

On commence doucement à s'immerger dans la culture indienne et on comprend un peu mieux ce chaos et son equilibre... L'equilibre c'est purement et simplement la religion (faut jamais chercher bien loin): Les Indiens sont très Hindus ! Impossible de comprendre leur culture si vous ne comprenez pas leur religion.
J'ai l'impression qu'ils sont extrèmement respectueux des convictions des autres, mais en ce qui les concerne, pas question de déroger aux règles religieuses puisqu'elles font partie d'eux-mêmes. C'est ancré et bien ancré dans leur vie quotidienne.

Un des éléments fondateurs de leur religion, c'est leur système hierarchique et méticuleusement bien organisé de castes... Si l'Hindu se comporte bien et suit scrupuleusement ses rites religieux, il aura un bon "dharma" (son casier judiciaire religieux ;-)) et accèdera a une caste supérieure dans sa prochaine vie.. (voila comment, comme dans toute religion, on maintient l'espoir...)
Les castes au debut on ne les percoit pas, mais quand on parle davantage avec les Indiens, on se rend de plus en plus compte de leur importance fondamentale.
Entre eux pas question de se mélanger; chaque personne se marie avec un(e) descendant(e) de sa propre caste. Chaque caste a ses propres rites (par ex la caste supérieure ne mangera pas de nourriture impure (viande et légumes sortant de terre) ni de nourriture préparée par une caste inférieure)...
Puis il y a ceux qui n'appartiennent meme pas a une caste: les Dalits ou Intouchables, 100% impurs donc font 100% des jobs impurs... pour la majorite balayeurs de rues, nettoyeurs d'égouts, etc.
La femme, quelque soit sa caste d'origine, est considerée comme intouchable; ainsi certaines personnes plus religieuses refusent de me serrer la main.. ce serait trop mauvais pour leur dharma!!!
Quand on leur demande en quoi et pourquoi une personne de caste inférieure est inférieure... "parce que" .. ben oui, quelle bête question! :-)
Pas question de se rebeller contre sa condition ou ses contemporains, tout est la faute, non pas à pas de chance, mais à votre dharma et donc à vos vies anterieures.. qu'est ce que c'est bien pensé tout ca!

Autre signe pleinement visible de leur religion: les vaches sacrees.. Les vaches sont le symbole de la mère universelle; pas question donc de les manger ni de les perturber.. il y en a toujours 3 ou 4 par rue qui se baladent nonchalantes dans le flot de la circulation.. Si elles décident de se mettre en travers la route... et bien on ne passe plus...

La circulation ici c'est un enfer permanent; s'ils ont au moins des routes, ils n'ont pas pris la peine d'y marquer les bandes de circulation. Chacun (voitures, rickshaw, vélos, motos, charrues) roule ou il veut (ou ou il peut). En tant que piéton, il faut regarder partout autour (ca klaxonne et arrive de tous les côtés) et par terre (une bouse de vaches tous les metres environ..). Je vous promets, ca demande gymnastique et concentration!

Comme je disais plus haut, nous sommes donc maintenant a Jaisalmer, à la bordure du desert du Thar, à une petite centaine de kilomètres du Pakistan et à près de 50 degrés sous le soleil.
Jaisalmer c'est un magnifique fort qui emerge du plat desertique. A l'interieur, toutes les maisons sont faites en pierre de la couleur du sable, ce qui donne un ensemble homogene ocre, doré.. c'est litteralement splendide!!!
L'atmosphère y est très orientale dans le sens mysterieux du terme (si vous ne voyez pas je me conprends ;-)) Sur les remparts du fort on domine le desert..

Moi j'y ai trouvé mon paradis et je resterai bien ici au rythme des levers et couchers de soleil sur le Thar jusqu'à ma prochaine vie.... Mais Carlos est impatient de voir le reste de l'Inde.. Ca négocie ferme pour la date de depart! :-)
A Jaisalmer on s'est fait un pote: Raji (a prononcer.. de facon imprononcable!). On a deja passé pas mal de temps (moi, Carlos et lui, parfois juste moi et lui) à papoter dans son arrière boutique, en chuchotant pour ne pas que les autres Indiens entendent.. Raji a à peine la vingtaine et est extrêmement curieux de connaitre la culture européenne. Il pose des tonnes de questions sur les rapports hommes-femmes en Occident, des plus générales aux plus détaillées ou crues.. et nous apprend bcp sur sa vision de la culture indienne... Selon lui, le kamasutra ca fait uniquement fantasmer les Occidentaux; en Inde pas question de ca (ca pourrait nuire a votre dharma); on fait l'amour tout habillé (ou le plus habillé possible), on ne s'embrasse jamais sur la bouche. Raji n'a jamais vu aucun autre homme nu, encore moins d'autres femmes, pas plus qu'il ne verra jamais sa propre femme nue. Raji, comme l'écrasante majorite des Indiens, épousera la femme que son père lui aura choisi, de la même caste bien sur.. Quand on lui demande ce qu'il en pense: "if good luck, then wife good-looking, if no luck, then wife bad looking"... c'est d'une simplicité déconcertante!
Raji n'a jamais, de sa vie, entendu parler du Sida; dans le deuxieme pays le plus touché apres l'Afrique du Sud, la prévention a encore du chemin à faire...
Il nous explique aussi qu'en Inde la femme décide de tout à la maison (traduire "decide quand elle veut faire le menage et ce qu'elle preparera à manger").. waouw l'émancipation!.. et l'homme decide de tout le reste... (qui a dit que c'etait pas équitable? ;-)).La femme ne peut pas travailler, elle est là pour enfanter....
Raji a failli nous faire une syncope quand on lui a dit qu'en Europe on peut avoir des enfants sans se marier; il s'est tapé la main plusieurs fois sur le front en repetant "my godness!!".. Je pense qu'il s'en est toujours pas remis ;-)

Jaisalmer c'est aussi le point de départ des camels safaris dans le désert "-made-especially-for-you-my-friend". Comme tout bon touriste qui se respecte (et que nous sommes), nous sommes donc partis 3 jours à dos de dromadaires dans le désert, Carlos, moi et un guide-chamelier. Aucun regret à avoir, ca nous a permis de faire l'extraordinaire rencontre d'Arka, notre petit Arka, notre guide, chamelier, cuisinier, mais surtout notre ange gardien durant ces 3 jours...

Les ballades dans le désert ce sont la traversée de villages faits de terre sechée melangée a la bouse de vaches (je ne sais pas si cela en fait un village sacré ;-)), le croisement dans les plaines de troupeaux de centaines de moutons et chèvres, les gazelles, les cheveaux mi-sauvages, les scarabées gigantesques (les "gungies", friends of Rajasthani), .......et puis et surtout les fabuleuses et romantiques nuits à la belle étoile, dans les bras l'un de l'autre, sous la voie lactée et ses étoiles filantes (bon, comme on se lave pas dans le desert, tout devient moins romantique a mesure du temps mais on se supportait toujours Carlos et moi :-))

Arka, notre guide et ange gardien, a 15 ans selon son pere, lui-même pretend en avoir tout juste 18. Il a dû arreter l'ecole à l'age de 10 ans pour travailler comme chamelier (on a beau s'offusquer de Nike qui emploie des enfants.. c'est une infime partie de la partie visible de l'Iceberg, 1 enfant sur 10 travaille en Inde, pays vraisemblablement signatairre hypocrite des droits de l'enfant).
Si on s'arrete à ca, on crierait au scandale, mais la réalite est plus complexe...
Si vous demandez a Arka s'il regrette de ne plus aller a l'ecole, il vous repondra surpris "no work, no food".
Ni sa mere, ni sa soeur ne travaille. Sa soeur devra être mariée et on devra donc lui constituer une "dote", son pere ne peut plus travailler, il ne voit plus bien (embêtant pour trouver sa route dans le desert) et est cassé par des annees de travail. Son grand frère est mort il y a un mois à l'age de 20 ans de "something bad inside the head" (une tumeur?) en laissant une femme (qui selon les règles de sa caste n'aura pas le droit de se remarier) et un bébé craquant de 8 mois dont Arka aura desormais la charge. Si on compte, ca fait 5 personnes sur ses epaules de gamin de 15 ou même 18 ans.
Arka se fait exploiter dans les grandes largeurs par son boss qui le paie selon les mois entre 1000 et 2000 roupies (20-40 euros par mois), parfois rien..
Comment s'en sortir? Se faire des clients directement? impossible, il n'a ni adresse postale ni telephone. On voulait lui apprendre a utiliser internet mais il ne va jamais en ville et .. (sommes nous betes), meme s'il parle un meilleur anglais que ses copains qui vont à l'ecole, il ne sait pas écrire.
C'est pas un récit larmoyant que je vous écris, c'est la réalite d'ici.
On se sent impuissant et con. On lui a laisse une tonne de fringues, un couteau suisse qui lui servira pour son boulot, des piles, tres chères pour lui, pour sa lampe de poche, etc etc.. Qu'est ce qu'on peut faire? Une particule d'eau dans un océan.. ca semble tellement futile... On l'a quitté tout a l'heure, moi ca m'a rendu triste.. il m'a émue.

Pour le moment, c'est le Diwali (ou Dipaoli) festival, le festival des lumières (l'equivalent de notre Noël).. depuis une semaine tous les enfants font exploser des pétards et les feux d'artifice éclatent de tous les côtés (les Indiens A-DO-RENT). Arka nous a invite pour Diwali à passer la nuit chez son oncle dans un petit village a une heure de Jaisalmer. On a dormi sur le toit de la maison qui n'a ni électricite ni eau courante. On a fait éclater des pétards avec ses copains.. Arka s'est marré comme un dingue, enfin plutôt comme un gosse de son age, pour ceux qui auraient oublié que ce n'est qu'un gosse...
Voilà, on n'etait pas naifs, on savait que cela existait, on l'avait déjà rencontré, mais (heureusement) ca nous touche toujours autant...

Prenez bien soin de vous.. et comme dirait my Xitito " Don't lead the experience, let the experience lead you" ;-)
Happy Diwali!

Carnets de route : Inde # 1

Quelques nouvelles de la fille la plus heureuse du monde, car à nouveau sur la route, pour ceux restés à BXL... :-) L'Inde et moi, pour être tout a fait sincère, ce ne fut pas le coup de foudre; mon impression c'est que c'est un pays mystérieux qui ne s'offre qu'à ceux qui font l'effort de le comprendre...Et ça, ça demande du temps...L'Inde c'est le chaos, c'est ce mot qui résume au mieux mes premiers sentiments. Tout est chaos mais s'équilibre dans un ensemble cohérent. Je ne suis toujurs pas parvenue à déceler ce a quoi tenait cet équilibre... C'est le pays qui rend au mot "densité de population" toute sa signification et à la diversité tout son sens. Il faut y être venu et avoir vu pour s'imaginer...Tout est bondé, et bondé de toute espèce de personnes; des hindous décharnés en turban, des petits écoliers en costume cravate, des cochons sauvages, des vieillards aveugles, des chiens galeux, des femmes superbes en sari, des musulmans en djellaba, ....et beaucoup, beaucoup de vaches sacrées. Ici contrairement aux clichés, je n'ai pas trouvé la mendicité à son apogée mais plutôt une foule de gens adorables, polis et infiniment respectueux... Les Indiens que nous avons rencontré jusque maintenant sont incroyablement gentils. Bien sur il y a la pauvreté, les égouts à ciel ouvert, les villes qui se transforment la nuit en cité dortoir, aux trottoirs jonchés de corps qui dorment... c'est évidemment difficile de ne pas se sentir concerné... mais justement c'est à se demander comment ils nous supportent, occidentaux, dépensant l'équivalent de leur année de salaire (s'ils en ont un)... On a du mal avec ca... On sent en plus que les autorités ont comme consigne de polir l'image du pays auprès des touristes; des rickshaws qui nous proposaient leur service (un peu lourdement somme toute) se sont fait rouer de coups de bâton par la police (j'en ai encore l'estomac retourné) et les petits gosses a qui on distribuait du cake dans le train se sont fait réprimandés par le contrôleur leur sommant de nous laisser tranquille... Ca fait pas longtemps qu'on est la (surtout si on décompte les 2 jours qu'il m'a fallut pour me remettre de mon overdose de calmants pour être capable de monter dans l'avion :-) ) mais j'ai l'impression que ca fait des semaines déjà.. Pour le moment et pour le restant je pense, on s'échappe de tout ce qui ressemble à une grosse ville... La seule ou l'on soit reste est Agra parce que c'est la qu'on y trouve ...le Taj Mahal! Alors le Taj Mahal, aucun mot pour le qualifier. Le Taj Mahal est le seul monument d'une telle ampleur qui ne soit pas érige a une religion, un pouvoir, ou pour consacrer une victoire d'un peuple sur un autre (et donc érige a la connerie humaine)... non. Le Taj Mahal pour ceux qui ne le savaient pas encore est dédie a l'amour!! Ce n’est pas magnifique ca? L'amour d'un empereur pour sa femme qu'il venait de perdre. (Bon, l'histoire raconte qu'il aurait fait assassine la fiance de son architecte pour que celui-ci comprenne mieux sa douleur et donc sa requête... mais l'amour n'a pas de limites n'est ce pas? :-)...). Le Taj Mahal c'est un extraordinaire monument fait de marbre blanc translucide qui se pare de reflets différents selon le moment de la journée, et incruste de pierres précieuses qui scintillent au soleil et sous la pleine lune... Je vous laisse imaginer le reste, nous on est encore en extase!!! Apres Agra, nous sommes partis en bus pour un village environnant, dédale de rues sinueuses, bondées comme toujours de toutes sortes de personnes, chaque maison renferme un métier ( au sens d'il y a sans doute un siècle) et on se retrouve vite entoure de tonnes de gosses voulant se faire prendre en photo "pour se voir dans la boite"... impossible de photographier quoi que ce soit sans qu'ils soient 10 a poser devant l'objectif... mais bon ils sont tellement mignons.. ;-) Au retour, nous avons pris un train... pas trop l'habitude des blancs dans ce village apparemment. En tout cas en arrivant sur le quai de cette petite gare, j'ai senti tous les regards se tourner sur le phénomène de cirque que je devais être... Je me suis retrouvée encerclée d'une trentaine d'Indiens qui me fixaient avec curiosité dans un silence complet! Moi, rouge-tomate, faisant des sourires benêts, me demandant quand j'allais leur sortir le discours "moi amie, gentille, pas vouloir de mal...", et surtout hurlant dans ma tête "Carlos, help, viens me sauver!"... Quand Carlos est arrive, on a sorti notre arme magique. L’appareil photo... ca les a tous bien fait marrer de se voir "dans la boite" (il n'y a pas d'âge pour que ca les amuse)... Je pense qu'ils rigolaient déjà bien de nous de toute façon... Cela s'est termine en séance photo de stars...obligée de poser tour a tour avec chacune des filles, m'enlaçant pour la postérité comme si j'avais été leur plus grande amie de toujours... Carlos en a également profite pour se mettre a l'hindi, récitant les phrases toute faite du Lonely Planet, mais a voir leurs têtes d'ahuris pour toute réaction, je pense que Carlos doit encore travailler son accent ;-) Les trains.. notre principal mode de transport, suivi du bus, rickshaw a moteur, a vélo, a traction humaine et de la charrue a bœufs... Les trains sont toujours bondes, comme pour le reste (on se surprendrait du contraire) avec des barreaux aux fenêtres. Quand vous voyez la vieille locomotive arriver en gare avec des milliers de bras qui sortent des barreaux, ca donne un petit froid dans le dos... moi ca me fait penser aux trains pour Auschwitz.. Il faut s'y habituer...Une fois à l'intérieur, c'est la jungle. Il y a des gens partout, même sur les banquettes en hauteur (Ce qu'ils appellent banquette, on utiliserait ca pour mettre nos bagages) Dans certains trains, il y a une first class (on n'en a pas encore vu), si vous soudoyez le contrôleur, il y a moyen de se faire upgrader... Moi qui suis une militante anti-bakchich (Système le plus inégalitaire qui soit), les prochaines 16h de train d'affilée qu'on va devoir passer sur une banquette en métal me laisse perplexe... Voyager en train, c'est aussi une façon merveilleuse de côtoyer les gens, prendre son temps (mieux vaut en avoir) et voir le pays. Le long du trajet, ce sont des superbes paysages désertiques, montagneux, agricoles avec des taches de toutes les couleurs des femmes en sari. On y a croise des charrues a chameaux, des villages de huttes ou de tôles, des enfants qui jouent sur les voies ou des femmes accroupies qui préparent a manger sans paraitre dérangées par le train qui les frôle... Depuis hier nous sommes a Pushkar, petit bourg tranquille au milieu des montagnes. Ici les marques d'affection, l'alcool et toute nourriture non végétarienne sont strictement interdits (de toute façon, manger une entrecôte saignante au pays de la vache sacrée n'est pas du meilleur gout :-))... Comment, quelqu'un comme moi a atterri ici? Parce que Pushkar c'est aussi de superbes couchers de soleil sur le lac sacre dans lequel nagent quelques paisibles tortues, des massages a deux euros, un endroit tranquille coupe d'électricité la journée, ancien repère hippie dans les 70's, aujourd'hui truffe de babas cools nostalgiques remplaçant leur verre d'alcool interdit par des space lassis, des space yogourts, des space n'importe quoi... Bref, un endroit sans doute sympa pour se reposer mais un peu trop peuple d'occidentaux déguises en Indiens a mon gout... on ne va donc pas s'y attarder trop longtemps... Pushkar c'est aussi la seule ville indienne ou est autorise le culte de Brahma, créateur du monde selon la religion hindoue... On a rencontré un vieil homme hier qui nous a initie ce soir aux rituels et prières... On a passe plus d'une heure au bord du lac avec lui à jeter des pétales de rose, du riz, du lait et que sais-je encore dans le lac, répétant les prières et "Om" de notre guru... J'y ai rien compris sauf que j'ai prie pour la bonne sante de ma famille (papa, maman, vous vivrez très vieux! :-)), pour mon pays et le cosmos tout entier (pas de craintes à avoir, on devrait donc tous s'en sortir) ;-))) Il nous a ensuite invite à prendre le the chez lui... pure moment inoubliable... ce genre de choses qui vous motive à voyager !! Notre prochaine grosse étape ce devrait être Jaisalmer, a la frontière du désert du Thar prés du Pakistan. Pour le reste, on discute encore, le planning a déjà change 100,000 fois depuis qu'on est parti...ON doit être a Bombay dans deux grosses semaines, on pense l'atteindre par l'intérieur des terres moins touristiques... Que dire d'autres? Qu'on espère que le ramadan prenne fin; même dans les endroits a minorité musulmane, on se fait réveiller à 4.30 du mat pour la prière... c'est super sympa, mais s'ils pouvaient faire ca dans le respect du sommeil des autres...En rentrant, je promets de créer un groupement contre les cloches des églises le dimanche... :-) La nourriture est délicieuse, extrêmement raffinée... même si on commence seulement a comprendre ce qu'on commande et donc ce qu'on mange.. (Dites à Sriram que je comprends sa difficulté à s'adapter a la fadesse de la nourriture occidentale!!!!....) Bref, l'Inde, ce n’était pas le coup de foudre, mais on se laisse tout doucement envouter..... Oooommmmm ;-)