jeudi 23 août 2007

World Trip # 7: Malawi - Zambie (part VI)

August 1st - August 12th
Où en étais-je depuis la dernière fois ? Lilongwe, et tous les amis de Puncque qui m’ont escorté à travers les marchés tortueux, poisseux et infestés de mouches des abords de la ville pour m’aider à faire mes emplettes.
Puncque arrivait le soir même, en principe vers 19h.. qui se sont transformés par les aléas coutumiers du taxi brousse en passé minuit.

L’attente s’est faite en compagnie de ces mêmes amis aux surnoms qui rivalisent de bizarreries : Vitoumboko alias cheese on toasts, black seeds, sex and drugs, Joy and happiness, etc. ... et un de ses cousins, Jarvis, qui a grandi avec Puncque à l’époque où ils partageaient à 28 la petite maison familiale.

Son histoire m’a semblé familière, je l’ai déjà entendue malheureusement si souvent à travers le Malawi : orphelin de mère, abandonné à l’âge de 5 ans par son père, refugié au Malawi pour fuir la guerre civile au Mozambique mais qui retourne y vivre en laissant ses enfants derrière, mais pas sa nouvelle adresse...
Jarvis survit en vendant des T-shirts et bibelots de toutes sortes. La vente en rue aux Mzungus est interdite ; le jour même, la police lui avait confisqué l’équivalent de 3 mois de travail, tout à refaire, mais le plus extraordinaire est que cela n’avait pas le moins du monde entamé sa joie de vivre...

Les gens d’ici semblent tous accepter leur sort aussi désolant ou pénible soit-il avec une fatalité placide... on pourrait penser que c’est l’héritage du flegmatisme britannique, mais il semblerait que c’est davantage de la résignation, le constat lucide que les solutions sont hors de portée, et leur sort, le lot de quasi tous.

En tant qu’amie de Puncque, et donc leur « sister » d’adoption, tous refusaient de me laisser seule avant de s’assurer que Puncque soit là pour prendre la relève et veiller sur moi, me demandant toutes les 10 minutes avec une bienveillance étouffante si tout allait bien....

Ici, Mzungu seule parmi les locaux, ce serait presque le syndrome de la pauvre petite fille riche ; caractérisé par une saloperie d’auto-défense, manifestée elle-même par des a priori paranoïaques (parfois fondés, parfois pas, et c’est là que réside toute la difficulté) qu’on s’intéresse davantage à votre portefeuille qu’à votre petite personne. Le tout se balance entre agressivité exagérée (non, c’est pas parce que je suis blanche que je me dois de te donner tous mes Kwachas) et compassion frénétique (i.e : besoin utopique de sauver et aider tout le monde, enveloppé d’une immense tristesse et culpabilité ne pouvant à terme vous mener ailleurs qu’à une overdose de Prozac). Et jusqu’à présent, je dois dire que j’ai de la chance d’avoir des amis comme Puncque pour me remettre les pendules internes a l’heure....


Parmi mes compagnons d’un soir, il y avait Squeeze, le vendeur de Batik, à qui j’ai offert quelques verres pour le remercier d’attendre avec moi. Quand il m’a demandé pour un énième supplémentaire, je suis sortie de moi, lui arguant en m’énervant que je n‘étais pas sa mère, et que Mzungu ne veut pas dire $$. Il a disparu 10 minutes plus tard pour revenir avec un pain, du beurre et des tomates et m’a préparé à diner sur le brasero que le gardien de la banque d’à côté utilise pour se réchauffer... J’étais morte de honte. ‘’Sharing is caring » comme ils ont l’habitude de dire. Ici on s’enrichit autant en donnant qu’en recevant... J’ai encore des choses à apprendre, et c’est vraiment très difficile de détecter l’opportuniste du reste.

J’ai su aussi par la suite par un de ses copains que Squeeze habitait dans un village lointain de plusieurs dizaines de kilomètres, et qu’il avait volontairement raté son dernier bus pour s’assurer que je ne restais pas seule en attendant son ami d’école Puncque. Quand Puncque est enfin arrivé, je l’observais de loin mendier un lift aux riches Mzungus expats en 4X4 qui ne daignaient même pas lui répondre ne serait-ce que par un regard.

Les expats, il y en avait tout un attroupement au bar où l’on a passe la soirée... Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne donnaient pas vraiment envie d’être connus davantage...
Jetant avec dédain leurs liasses de Kwachas sur le comptoir pour qu’on leur serve au premier claquement de doigts leurs verres d’alcool qu’ils vomiront de toute façon quelques heures plus tard... Ils ont sans doute l’impression qu’ils se sont complètement intégrés lorsqu’ils abordent fièrement leur dreadlocks ou tresses africaines, qui sur la tête d’un Mzungu, les rendent encore plus ridicules.

De la bouche des filles, j’ai entendu des ‘’ You Malawians U’re all the same : fucking lazy and liars’’, de la bouche des garçons, et souvent des plus répugnants ‘’ Tonight, I’ll fuck a black woman !’’. Et des black women, il y en a.. dont une que j’avais remarqué car hyper classe dans son tailleur sobre et son air précieux. Je l’ai retrouvée en fin de soirée dans les toilettes, en train de danser autant complètement nue que défoncée sur Celebration des Kool and the gang... Une prostituée de plus... Des black boys, il y en a aussi à profusion inondant de compliments les Mzungus filles en espérant se faire offrir des verres gratos ou plus si affinités... On ne sait plus trop qui baise qui, au sens propre, mais surtout figuré au final de l’histoire, mais l’impression générale est sinistre, triste et vomitive au possible.


J’ai quitté Lilongwe pour la Zambie en bus, en 5 bus pour être exact ; rien n’est jamais simple en matière de transport. Un bus pour le village le plus près de la frontière, un autre pour atteindre le poste frontière, la frontière se traverse a pieds, ensuite encore un autre bus jusqu’au village suivant, etc etc. La destination finale était le campement en bordure du South Luangwa National Park. La toute dernière partie du trajet pouvait se faire à pieds, mais le campement avait été sans équivoque dans leur e-mail : ‘’jamais de la vie, beaucoup trop dangereux !!’’ Des voleurs prêts à vous égorger le long de la route ? Absolument pas, pire que ca ! Des dizaines d’éléphants traversant la route paisiblement, mais prêts à charger au moindre de vos gestes trop dérangeants, et plus rares aussi des hippos dont on dit qu’il est l’animal qui tue le plus de gens dans la région (moustique hors compétition).

Dans les bus, le moins que l’on puisse dire est que je me suis faite remarquer : dans le premier, un petit gosse qui hurlait à chaque fois que je le regardais : au secours, un monstre blanc! Ca avait le mérite de faire hurler de rire tout le monde. En Zambie, alors que je venais d’acheter du mais grillé à une petite fille, et non habituée à la monnaie locale, un passager me prévient qu’elle ne m’a pas rendu le change exact. Ca devient l’indignation générale, l’homme sort du bus, court après elle... Touchée de tant d’attention, mais aussi prise de pitié pour la petite vendeuse visiblement terrifiée à la vue d ‘un bus entier enragé contre elle, je lui ai finalement laissé la monnaie et acheté son stock entier d’épis de mais pour le partager avec mes comparses...

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Pendant le voyage, j’ai fait la connaissance de Grace, une petite Zambienne qui quittait son village pour la première fois, et qui louchait depuis le début du trajet sur le magazine que je lisais. Rien de bien extraordinaire, si ce n’est que c’est la première fois que je partage une conversation avec une fille locale. En général, elles se font discrètes, parlent souvent peu l’anglais (on n’investit pas dans l’éducation d’une fille, et pour celles qui vont à l’école ; on rapporte énormément de cas de filles abusées par leur professeurs sous-payés qui s’octroient eux-mêmes leurs avantages en nature). Comme j’ai souvent entendu dire sur un ton sarcastique ‘’ Men first, women fend for themselves’’.. pas vraiment besoin de plus amples explications...

Arrivée en Zambie, j’ai donc fêté mon anniversaire au milieu des éléphants qui m’empêchaient régulièrement de regagner ma tente ou d’en sortir, et au son des grommèlements des hippos somnolant dans la rivière d’en face. Puncque m’avait rejoint 1 jour plus tard avec un 4X4 et un couple d’Américains qu’il guidait. Il avait acheté de quoi cuisiner au brasero pour nos 4 jours sur place, et une bouteille de brandy locale pour trinquer à ma vieillesse.

Le lendemain, on n’avait déjà plus rien à manger.. les babouins étaient venu tout nous voler pendant la nuit.
Des animaux, il y en avait autant qu’on en voulait : girafes, zèbres, hippos, crocodiles, beaucoup, beaucoup d’éléphants, antilopes, léopards, lions.... Au début, c’est l’excitation quasi enfantine, à la fin, c’est quasi l’exaspération blasée : ‘’ oui, j’ai vu, un zèbre, et alors ?’’



Je prévoyais un séjour prolongé en Zambie, finalement, à la vue du coût de la vie sur place, mais aussi à la suite d’une confortable proposition de pouvoir rentrer gratuitement sur Lilongwe en 4X4, je suis revenue sur le Malawi. Et quand le douanier malawien a mis son cachet sur mon passeport, je me sentais presque de retour a la maison...


Ici, j’ai reçu mon nouveau surnom, Chiphaliwali, ca veut dire ‘’lightening’’ en Tonga, dialecte de la région de Nkhata Bay...
Joli, hein?


lundi 6 août 2007

World Trip # 6: Malawi (Part V)

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Me voici à Lilongwe, la capitale (faut le dire vite, ça ressemble plutôt à une ville provinciale), ...et mon actualité du jour est qu'hier soir, j'ai mangé une délicieuse pizza cuite au feu de bois (ben oui chacun son quotidien ;-)), et pardonnez moi l'expression, mais après un mois de cure forcée poulet ou omelette, riz ou Nsima.. Bordel, qu'est ce que ça fait du bien !!! :D


Je suis arrivée hier soir après 6 heures de taxi brousse. Pas de chance pour moi, je me suis retrouvée coincée à côté d'un grand gabarit; sachant qu'on nous compresse au bas mot à 4 par banquette, il n'y avait plus que le gros orteil que je parvenais péniblement à bouger! Pour continuer, Puncque m'avait fait ses recommandations avant le départ: " Tu demandes au chauffeur de te déposer au shopping centre, c'est plus près du campement où tu vas, et te coûtera donc moins cher en taxi". J'étais, j'avoue, toute fière d'être à la source des trucs et astuces pour lesquels nombres de mzungus se damneraient, sauf que... merci Puncque... mais le shopping centre un dimanche soir à 21h.. y a pas des masses de monde, et donc pas des masses de taxis non plus! Imaginez le parking d'une grande surface en pleine nuit; pas grand chose à y faire, et pas envie d'y traîner non plus!

Pas de panique, pas de panique, c’est pas parce que l’endroit ressemble à un coupe-gorge qu’on doit obligatoirement s’y faire guillotiner.. j'ai marché environ 1 km dans le noir et mes petits souliers avant d'apercevoir une lumière et un sympathique couple pour m'indiquer l'endroit le plus proche où trouver un taxi...


Puncque doit en principe arriver ce soir à Lilongwe (le "Ce soir" africain), toujours occupé par sa voiture, enfin plutôt son engin de l'espace à 4 roues... Moi je commençais à me lasser des 5 rues de Mzuzu dont je connais maintenant les moindres recoins, et j’étais impatiente de voir à quoi ressemblait la capitale. Et je dois dire, qu'a part ma délicieuse pizza d'hier soir, c'est un peu la déception: tout semble tomber en ruine. J'arpente les rues à la recherche des endroits sympas recommandés par mon guide, qui au final n'existent plus; je voulais faire le plein de livres dans les 3 librairies que compte Lilongwe... et sur ce point, je pense qu'en comparaison, mon petit libraire du coin à Bruxelles ressemble à la grande bibliothèque nationale française. Sur les étagères, un livre de maths par ci, un vieux livre de médecine des années 70 par là, beaucoup de livres de religion... et... eh ben c'est tout! J'imagine encore plus aisément les difficultés que doivent rencontrer les secteurs de l'éducation dans ce pays!! Mon shopping se résumera à un dictionnaire anglais-chichewa, et des semences de toutes sortes pour que les sœurs de Puncque puissent se faire un potager...

Et puis enfin, je voulais être un peu seule (c'est devenu une denrée rare les moments de solitude quand on est mzungu en Afrique! )... et.. eh ben non! En sortant de mon campement ce matin, je me fais aborder par un rasta qui veut me vendre des batiks... J'essaye de dire non poliment.. « on reste amis, mais non merci »…. Comme il ne daigne pas me lâcher, je lui fais la conversation en marchant.. "tu viens d'ou?", "Nkhata Bay", "Ah ben tu connais sans doute Puncque, Windstone, Billy...", "ben oui, on etait tous à l'école ensemble, tu es amie avec Puncque?! Hey Sister!"...

Voilà comment je me fais dans l'heure qui suit présenter à 300 milliards de personnes qui connaissent Puncque et qui m'emmènent ce soir au village environnant pour aller boire des Kuche Kuche (la biere locale, the pride of Malawi... aie aie aie ... :-) Dur la notoriété! :D


Après-Demain je lève le camp (au sens propre et figuré) et pars en bus pour la Zambie et son South Lunwanga National Park décrit dans les guides comme "the finest wildlife reserve anywhere in Africa" (c'est prometteur!) et confirmé par beaucoup de Malawiens eux-mêmes comme "l'Africa's best kept secret" car très peu de touristes...enfin pas encore...


J'y vais surtout aussi car j'ai ma combine: Puncque doit y conduire un riche couple de mzungus en 4X4, ce qui veut dire qu'une fois sur place, en tant que guide, le logement dont il essaiera de me faire profiter, lui est offert gracieusement (il me reste toujours la tente en back-up), et surtout la 4X4 à disposition pour m'emmener faire un brin de causette aux lions et girafes du coin...


Et c'est ici que je me rends compte que je ne suis absolument pas à jour, car j'ai oublié de vous raconter mon précédent safari.... Bon alors en vitesse..

Il y plus d'une semaine déjà, suis partie au Nyika Plateau, au Nord, à cheval sur la frontière zambienne. Une sacrée combine également. Y suis allée avec Puncque et son meilleur ami, Davie que j'apprends à connaître. Entre lui et moi, c'est pas ce qu'on pourrait appeler le grand amour. Vu de loin, c'est une sorte de rasta rustre qui se lave à mon avis très peu souvent, et qui voit d'un mauvais œil le fait de devoir partager l'amitié de Puncque. Vu de près, c'est aussi quelqu'un que j'ai découvert assoiffé de lectures (sa chambre contient plus de livres que toutes les librairies de Lilongwe réunies), et curieux de musique en tout genre... C'est avec lui que Puncque projette de faire son propre de business de Safari pour arrêter de se faire scandaleusement sous payer par les patrons blancs qui détiennent la majeure partie du marché, et épargner suffisamment d'argent pour mettre le cap sur l'Afrique du Sud.

J'ai donc été acceptée dans la jeep vers Nyika en échange d'aide à la préparation des repas pour leurs clients mzungus.

Nyika ce sont des vallées à perte de vue, des paysages splendides où se perdent antilopes, zèbres, hyènes, chevaux sauvages... J'y suis même tombée nez à nez avec un cheeta (famille du léopard, couleur du léopard, mais ce n'est pas un léopard) qui a eu peur de moi (ben si !). J'etais chanceuse; Puncque qui est venu dans le parc une bonne centaine de fois n'en avait jamais vu.

En rentrant vers Mzuzu, petit détour par le Vwaza Marsh, où nous attendaient éléphants, hippos, babouins, ... Grandiose!


Pour le Safari, Davie avait loué une voiture typiquement du pays, c'est à dire sans plus de klaxons, plus de phares, plus de lève vitre, plus de serrures, plus de poignées de porte, plus de rétroviseurs.. enfin bref, toutes ces choses superficielles qui ont été très certainement revendues en pièces détachées à un crâneur qui voulait l'option poignée de porte ou essuie glace sur sa voiture... ;-)

Typiquement du pays aussi les 3 pannes dont 2 pneus crevés: la première au beau milieu du parc: 2h d'attente au beau milieu de nulle part (autant dire seuls au monde) avant de se faire rapatrier sur le toit d'une autre 4X4 (tant mieux la vue panoramique - même si assez secouée- nous fait profiter davantage des paysages), la dernière panne sur la route de retour, on sera rentrés en stop dans la benne d'un camion.. des banalités du quotidien africain quoi!

J'ai pu aussi pendant le safari faire la connaissance d'une admirable américaine, Sarah, peace corp dans un village recule de Zambie, vivant 100% à la manière des locaux, et avec qui j'ai finalement partagé la chambre pour quelques nuits... J'essayerai d'aller lui rendre visite dans son village...


Comme les autres mzungus du Safari rentraient a Nkhata Bay, j'ai profite du lift pour aller dire bonjour à mes amis du coin. Chaudes retrouvailles au sens propre comme au figure. Le lendemain de mon arrivée, il y a eu un énorme incendie : tout le centre de Nkhata Bay occupé par le marché disparaissait, dévoré par les flammes!

Le marché était un enchevêtrement de gargotes de fortune en bois dans lesquelles les vendeurs se réchauffent au brasero (on se demande par quel miracle ce désastre n’est jamais arrivé plus tôt).


Les gens se jetaient, désespérés et au péril de leur vie, dans les flammes pour récupérer la moindre bricole, avec, au-dessus de leur tête, les pylônes électriques qui menaçaient de tomber, et d'ou jaillissaient des impressionnantes étincelles.

Je me sentais impuissante et désemparée, offrant tout ce que je pouvais, c'est a dire bêtement mon gsm pour que les gens puissent téléphoner aux secours et avertir leurs proches...


Quand je demandais à quelqu’un d’appeler la police pour stopper ce suicide collectif, on me répondait "laisse tomber, la police ne fera rien". Et effectivement, malgré leur bureau situé à 300 mètres, j'en n'ai pas vu un seul de sortie ce soir la...


Alors que les flammes s'approchaient dangereusement d'une station essence, je suppliais presque les gens d'appeler les pompiers... "les quoi?? Les pompiers sont à une heure de route d'ici". Les gens riaient entre eux, se remémorant le dernier incendie a Nkhata Bay: quasiment une heure pour que les pompiers rassemblent les troupes dispersées dans les bars de Mzuzu et quasi tous ivres morts, une panne en cours de route, et finalement, à l'arrivée pas d'eau dans le camion...

Tant pis, après avoir enfin trouve quelqu'un qui connaît leur numéro, j'appelle moi-même: 1 fois, deux fois... 10 fois… personne ne décrochera.

Finalement, je demande à un ami qui possède un pick-up d'aider les gens à dégager et transporter les choses qu'ils ont réussi à sauver des flammes... "pas question, si des choses sont volées, c'est moi qu'on va accuser, je ne sais pas a qui appartient réellement ce que je vais transporter". Je resterai choquée de son manque de solidarité jusqu'au moment où des bagarres ont éclaté: des gens ont profité de la panique pour piller tous les commerces environnants... et toujours pas de police....

Il aura fallu 2 interminables heures pour que le courant soit enfin coupé et que les étincelles électriques cessent de jaillir dangereusement en direction de la foule.... mais aussi seulement 2 toutes petites heures pour réduire en cendres (et réellement plus que des cendres) le marché, et sans doute aussi l'investissement de toute une vie de certains commerçants....


Une triste tranche de vie à Nkhata Bay....


samedi 4 août 2007

World Trip # 5: Malawi (Part IV)

Elucubrations d’une Mzungu à Mzuzu...

Un mois de passé et toujours pas de photos sur le blog… Tout d’abord, impossible de trouver un endroit pour ne serait-ce que transférer mes photos sur CD, mais aussi et surtout, les photos c’est toute une histoire en soi…

Il y a pour commencer les gens qui par pudeur ou timidité refusent de se faire photographier (et c’est bien évidemment à respecter), ceux qui au contraire insistent pour poser, (mais qui dés lors tuent tout le naturel et donc tout l’intérêt), les enfants pour qui c’est un véritable jeu, qui vous sautent dessus et se battent entre eux pour être aux avant-postes face à l’objectif… (impossible donc de prendre le recul nécessaire; on finit au mieux par photographier un nez et un morceau d’oreille), il y a ceux qui voient dans le fait de se faire photographier une aubaine pour soutirer de l’argent (et sur ce point, il ne faut pas se méprendre, bien souvent ils pensent (surtout si vous shootez avec un appareil un peu sophistiqué) que vous allez revendre la photo à des magazines, et veulent donc, et c’est quelque part normal, la part du gain), et pour finir, ceux qui détestent qu’on photographie l’Afrique comme on photographierait un zoo, et c’est un point de vue à tenter de comprendre davantage…



Quand je vais avec Puncque dans les villages plus reculés, lui- même qui pourtant connaît mes intentions, déteste me voir sortir mon appareil. Il m’explique que le point de vue de pas mal de locaux est que l’Occidental adore photographier la misère et le petit Africain nécessiteux devant sa hutte, qu’on ne montre que l’Afrique sous l’angle négatif de sa grande pauvreté, que l’Afrique c’est bien plus que ça (même s’il y a, il faut l’admettre, beaucoup de ça)… et je ne peux que lui donner raison… Tout est finalement dans l’interprétation des intentions de part et d’autre…

Du coup mon appareil reste de plus en plus souvent rangé dans le fond de ma tente.


L’humilité, la tolérance et la compréhension sont des choses que le voyage apprend, et sont sans exception d’application ici (avec en Afrique une belle part aussi à la patience ! ;-))

Discuter avec Puncque et ses amis est à la fois enrichissant et surprenant (les deux vont assez souvent de pair…) : beaucoup d’entre eux, Puncque en tête, ont eu leur période Black Panthers (heureusement pour moi révolue !J), s’abreuvant des textes de Malcom X, et haïssant le blanc venu coloniser et christianiser de force leur pays. Néanmoins, à part Puncque qui est un bouddhiste qui s’ignore, qui croie certes en un quelque chose de supérieur, mais qui crache sur l’Eglise, ils sont tous restés profondément chrétiens. Et moi, je m’étonne de les voir en transe chanter leurs gospels à la gloire de Jésus, vénérant des icônes d’hommes blancs, et un christianisme qui réfutait il n’y a pas si longtemps que le Noir ait une âme… L’Eglise leur a en tous cas appris le pardon…

Les Malawiens que je rencontre ont tous énormément de fierté et de dignité, et ce n’est certainement pas moi qui les blâmerais pour ça…

Quand j’évoque les causes et conséquences de la pauvreté en Afrique avec Puncque, il me rétorque : « vos gouvernement occidentaux ont tous les culots, vous êtes venus voler nos hommes pour en faire des esclaves, vous nous avez colonisés pour développer vos économies, vous nous volez notre or et nos diamants, vous installez vos sociétés pétrolières pour empocher le pactole de notre pétrole, vous contrôlez à votre guise le prix des matières premières qui sont les principales sources de revenus de notre continent, vous polluez tellement que vous réchauffez la planète faisant des gens qui vivent directement de la terre les premières victimes… et quand on parle de la dette du tiers monde, vous osez encore parler de notre dette, et vous nous faites ramper à vos pieds tels des mendiants pour des annulations ou des facilités de paiements… Qui doit réellement quoi à qui ? »

Impossible pour moi de répondre autrement que par un silence approbateur et honteux…

Lui et ses amis ne pas non plus des plus cléments envers le secteur humanitaire qu’ils considèrent comme un business occidental, voire une nouvelle forme de colonisation, et s’interrogent sur les raisons qui font que ce sont les Blancs qui viennent travailler, plutôt que de subventionner des locaux qui pourraient opérer de façon tout aussi efficace et durable. De leurs points de vue, dans les endroits où les ONG’s sont très présentes, on transforme les gens en mendiants, leur apprenant à quémander leurs nourriture et/ou médicaments au lieu de leur inculquer à se débrouiller seul…

Ce sont, il est vrai, des visions très tranchées et amères de la réalité, mais il y a une part plus ou moins importante de vérité…

Bien sûr, on s’accorde tous deux sur le fait que 99% des coopérants sont armés d’une volonté à toutes épreuves et de bonnes intentions, mais c’est tout le système et les politiques qui l’entourent qui semblent ne pas tourner complètement rond…


Les chanceux comme moi qui sont déjà venus en Afrique se rendent vite compte qu’on a fait de ce continent notre grand marché d’occasion ; on leur revend toutes les vielles choses dont on ne veut plus chez nous : voitures désarticulées, GSM aux batteries usées, téléviseurs déglingués, vieilles cassettes VHS périmées, etc. Même nos vieux vêtements déchirés…Et sur ce dernier point, il y a à Mzuzu un énorme marché d’habits et chaussures d’occasion dont les rumeurs disent que ce seraient les donations détournées, on ne sait pas ni comment ni par qui, pour en faire un business fructueux… Délicat de se faire une opinion…

Quand on s’intéresse un tant soit peu à la politique récente de la région, on n’est pas plus fier d’être Blanc…

Le Malawi a vécu sous le joug d’un dictateur illuminé : Banda. Un personnage souffrant de folie aggravée, se prétendant doté de pouvoirs de sorcellerie, faisant de l’opposition de la chair à saucisses pour nourrir son élevage de crocodiles, interdisant le pantalon pour les femmes, les cheveux longs et donc les rastas pour les hommes (en réaction sans doute, il y a aujourd’hui énormément de rastas au Malawi), les rapports sexuels et le mariage avant un certain âge, l’homosexualité (resté passible de peines d’emprisonnement encore actuellement), etc, etc…

Dans un pays où tout se sait, les gens étaient parait-il extrêmement obéissants.

Banda, pour assoir son pouvoir, avait deux alliés de taille : L'Angleterre de Margaret Thatcher et le pape Jean-Paul II, s’inquiétant tous deux de la montée du communisme dans la région en pleine guerre froide, et cherchant à renforcer leurs derniers bastions.

C’est donc chacun à leur tour qu’ils venaient en visite officielle plébisciter ce barbare de dictateur pour son modèle de démocratie et sa gestion économique exemplaire !

Toute cette mascarade s’accompagnait de pots de vin juteux et d’aides économiques souvent détournées pour acheter le soutien indéfectible de Banda et s’assurer sa docilité. A l’époque 1 kwacha équivalait parait-il à une livre sterling, il vaut aujourd’hui +/- 230 fois moins … avec l’écroulement du pouvoir d’achat que cela suppose…

A la fin de la guerre froide, quand le Malawi est soudainement devenu beaucoup moins intéressant, Thatcher qui autrefois suçait les orteils de Banda, lui a subitement tourné les talons, diminuant au passage ses aides. L’économie déjà pas glorieuse s’est écroulée davantage, le cours du Kwacha avec…

Lorsqu’on jette un œil sur les pays voisins, on se surprend des similitudes historiques.

Le Blanc vient coloniser. Le Noir, à raison, finit par se rebeller avec, comme initiateur et leader incontesté, un personnage emblématique et charismatique qui s’avère toujours - une fois au pouvoir – être un dictateur sanguinaire (reproduirait-on le régime de soumission qu’on a connu ?). Le Blanc accorde l’indépendance de « sa » colonie en un geste qui se prétendrait presque chevaleresque, mais ce qu’il donne en public d’une main, il le reprend en coulisses de l’autre. Il fait de l’Afrique sa plaine de jeux, soutenant les régimes despotes en place, jouant de sa petite gue- guerre Est-Ouest, confondant pions et êtres humains. De temps en temps, il fait changer de dictateur quand celui au pouvoir n’est plus suffisamment malléable, ou lorsque la stratégie et/ou les règles du jeu ont changé. Quand la recréation est terminée, tout le monde reprend ses billes et va faire jou-jou ailleurs, laissant derrière eux le pays en pagaille, et le soin aux habitants de nettoyer le tyran en place et tout son système (bien entretenu, par le Blanc entre autres) de corruption… Sans les aides antérieures, l’éventuelle toute nouvelle démocratie a du mal, l’économie agonise encore un peu plus mais le Blanc reviendra bientôt en grand prince à coups d’aides humanitaires…

Vu du Malawi ça donne quoi ? Que quand on ignore ce qui se trame dans les coulisses, les seules choses tangibles auxquelles on croit sont que sous la dictature de Banda le pouvoir d’achat était supérieur et les gens mourraient moins de faim, que la démocratie n’a finalement engendré que davantage de chaos et empiré la pauvreté…


De la part de pays occidentaux qui aiment à se faire passer de temps en temps pour les garants moraux de la paix mondiale, belle leçon de démocratie n’est ce pas ?

jeudi 2 août 2007

World Trip # 4: Malawi (Part III)

11 juillet – 28 juillet 2007

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Eduard Puncque, alias Biniopie, j’avais promis lors d'un précédent post un chapitre entier sur lui : le voici.

J'ai rencontré Puncque le jour de mon arrivée au Malawi, et depuis, c'est devenu un véritable ami, et même plus ; mon inséparable ange gardien malawite. Son histoire ressemble à celle des gens d'ici, c'est probablement aussi pour ça qu'elle mérite d'être mentionnée...


Puncque a seulement 25 ans et un nombre effarant de vies derrière lui : abandonné par son père alors qu'il n'avait pas même vu le jour, laissé en route par sa mère qui a pris le chemin de l'Afrique du Sud (l'eldorado des Malawiens qui rêvent tous d'aller y travailler un jour), son seul diplôme de secondaire en poche, parce que celui-ci a déjà représenté un investissement important pour sa famille, homeless plusieurs années durant lesquelles il a partagé avec 6 de ses amis une vieille carcasse de voiture comme toute maison, et le lac comme salle de bain (il m'avouera néanmoins que c'est surtout son goût pour l'indépendance et la liberté qui l'a empêché de partir vivre auprès de sa mère...)…

Comme gagne-pain (je devrais dire gagne Nsima ;-)), c’est la débrouille ; tour à tour barman, chef cuistot, serveur, DJ, manutentionnaire sur un ferry, mécanicien, chauffeur de bus alors qu'il n'avait pas encore l'âge d'avoir le permis mais de bonnes notions en mécanique (utile quand on sait que les taxis-brousse tombent en panne au moins une fois par trajet) et connaissait aussi tous les moyens de corrompre la police pour le laisser rouler, conducteur de camions, guide pour Safaris, ... J'en oublie certainement, et je continue d'en apprendre tous les jours...

Apres avoir pris soin jusqu'au dernier souffle de ses 2 tantes et de son oncle, morts les uns après les autres du Sida, il a hérité de ceux qu'il appelle tendrement « my wife and my 2 sweet girls ».

Sa femme, c'est sa vieille grand-mère invalide dont personne ne connaît l'age exact. Ses filles, ce sont ses 2 sœurs (les enfants de vos tantes du coté maternel sont vos frères et sœurs) : Jessica et Agnès, 11 et 15 ans, dont il prend soin comme un véritable père, veille sur leur études, et pour chacune desquelles il a ouvert un compte en banque sur lequel il tente de verser régulièrement de l'argent (Il garde les cartes bancaires précieusement pour leur remettre un jour en échange de leur diplôme scolaire).

Quand il n'est pas là, ce sont elles qui prennent soin de la grand mère, et font tourner seules la maison. En plus de ses deux sweet girls, il y a son cousin (contrairement aux tantes, les enfants de vos oncles ne sont pas vos frères et sœurs mais restent vos cousins) : Dave, devenu hémiplégique et muet peu de temps après la mort de son père.

La cause de sa paralysie ? Personne ne sait ou ne veut dire ; c'est ce qui arrive aux gens qui se font trop de soucis ou sur lesquels quelqu'un a jeté un mauvais sort... Je me suis contentée de cette explication, après tout à qui ou à quoi cela servirait de savoir, les soins médicaux sont un luxe hors de portée...


Dave me brise le cœur à chaque fois que je le vois ; tout le monde semble prendre son handicap comme une fatalité, et personne ne prête réellement attention à lui. Par exemple, au moment du repas, alors que tout le monde est à table, il mange seul assis par terre dans un coin oppose de la pièce. Toute la famille est intimement persuadée que Dave ne comprend de toutes façons plus rien… Pourtant, quand je croise son regard, je lis toute la tristesse du monde dans ses yeux... J'ai voulu en parler à Puncque avant de me rendre compte, quasiment honteuse, que ce n'est pas par cruauté ou manque de compassion qu’on semble le délaisser, simplement que tout le monde dans cette petite famille lutte déjà péniblement pour survivre...Quand la grand mère décédera, Jessica et Agnès qui auront pourtant grandi ensemble seront séparées et confiées à des membres éloignés de la famille qui accepteront de veiller sur elles (et surtout qui en auront les moyens), et Puncque sera alors libre de poursuivre son rêve de partir travailler et vivre une vie meilleure en Afrique du Sud.

Personne n'a jamais fait état ce que deviendra Dave...


La première fois que j'ai été invitée à manger chez eux, j'étais dans un embarras monstrueux... Au menu : poisson et Nsima. J'avais droit au corps entier dans mon assiette tandis que face à moi, tous les 5 se partageaient la misérable tête. J'avais beau protester pour un partage plus équitable ; Puncque m'assurait que la tête est la meilleure partie parce que manger le cerveau du poisson rend intelligent... Je n'avais plus qu'a m'y résoudre, peu convaincue tout de même... ;-)

Depuis, quand j'ai encore l'honneur d'être invitée chez eux, ils me préparent le Nsima et quelques légumes du jardin, et j'apporte 3 gros poissons tout frais, achetés pour 4-5 euros aux pêcheurs sur la plage... unique façon pour moi d'être certaine que chacun aura sa part du festin...


Préparer à manger, c'est tout un cérémonial, ça prend du temps et cela se fait tous ensemble accroupis à terre autour du brasero qu'on installe dans la cour face à la maison. Dans les villages, une infime minorité de gens ont les moyens de s'acheter un four ou une taque (quand bien même, il auraient l’électricité). La famille de Puncque est privilégiée ; il y a un robinet d'eau froide a l'intérieur de la maison. Dans les villages, ce sont parfois des kilomètres à parcourir pour remplir un seau au puit le plus proche.


Les deux sœurs sont adorables ; Jessica, la petite, passe la soirée à faire des bonds et le singe autour de moi, chanter, danser et rire sans arrêt. Ses seuls moments de quiétude sont quand elle vient me toucher religieusement les cheveux (des cheveux raides, une véritable curiosité locale) et s'amuser à me faire des tresses.

La première fois que je suis venue dîner, toute l'école a eu droit le lendemain à l'histoire de l'année de Jessica : un Mzungu est venu manger à la maison !! Je pense d'ailleurs maintenant que tout Nkhata Bay est au courant que Jessica s'est assise sur les genoux d'un Mzungu…

Agnes, la plus âgée, est plus réservée, mais a pris le temps de m'apprendre à préparer le Nsima... des petits moments à deux et de grands souvenirs pour moi... Je lui ai apporté 2-3 échantillons de parfum que j'avais emporté; elle a tout mis d'un coup pour aller en classe le lendemain et s'assurer que tout le village puisse sentir ses luxueuses effluves. Elle a fait, parait-il, sensation auprès de tous ses camarades ! Je lui ai promis de lui envoyer un stock dès que je rentre en Belgique…


Au milieu de tout cet affairement règne la grand-mère, assise sereinement face à la photo de son défunt mari, de posters de Paris et Londres où personne n'est jamais allé, et d'un énorme frigo qui dénote de tout le reste par sa modernité mais toujours désespérément vide... même ses étagères vitrées ont pris le large, sans doute revendues en « pièces détachées » pour un usage que seule la créativité africaine a le don d'imaginer…

En Afrique, c'est Lavoisier en plein : rien ne se perd, rien ne se crée, tout, absolument tout se transforme!!


Un jour où je passais dire bonjour, mon appareil photo sous le bras, la grand mère m'a demandé de prendre des photos d'elle avec Puncque et la photo son défunt mari : Je sens que je vais bientôt mourir, me disait-elle, et je veux que Puncque ait un souvenir de moi et son grand père. J'étais très émue de me voir confier la responsabilité de ses portraits posthumes...


Puncque et moi, on traîne toujours tellement ensemble qu’ « on a peint la ville en bleu » comme ils disent... Ca veut dire qu'on est aussi visible et connu que le bleu du ciel. Quasiment tout Mzuzu et Nkhata Bay me connaît comme « Puncque's friend », des gens que je vois pour la première fois m’abordent par des « How are you sister ? you're Puncque's friend, Puncque's like my brother, so you’re my sister too »… On a du mal à s’imaginer comme tout le monde connaît tout le monde ici, et comme tout, absolument tout se sait.

En Afrique, les ragots sont plus rapides que la foudre !


J'ai accompagné Puncque à Mzuzu où je suis restée quasiment deux semaines. On a fait du camping dans le jardin d'amis à lui qui nous laissaient l'usage de leur salle de bain. Dans les sanitaires ici, outre l'eau chaude, il manque toujours deux choses : du papier toilette, et un miroir... Les miroirs ça coûte apparemment cher ; même dans les restaurants ou guesthouse, on n'en met pas par peur qu'on les vole. Ca va faire deux semaines que je n'ai pas vu un lit, ni ma tête... Ca fait du bien de prendre congé de soi de temps en temps... ;-)


A Mzuzu, quasi plus aucun Mzungu en vue, ils ne font qu'y passer : les seuls avec qui j’ai réellement lié connaissance sont deux américains incroyables, Erik et sa femme qui parcourent l'Afrique pour 3 ans en Jeep (www.border-crossings.com).

C'est vrai aussi qu’à Mzuzu il n'y a pas grand chose à voir ou à faire, mais je prends le temps, j'apprend à connaître les gens, la culture et vivre a l'africaine... Ca implique notamment que la notion de temps n'ait plus aucune importance : On était sensé y rester un seul jour, et finalement pendant les deux semaines, on partait demain. ;-) Le demain africain sans doute…

Puncque y était venu pour travailler sur une voiture, un pick-up qu'il transforme en sorte de mini-bus pour partir dans le sud gagner sa vie en organisant des safaris. Je suis donc aussi à Mzuzu pour observer le miracle s'opérer sous mes yeux : on récupère le toit rouillé d'un minibus, les fenêtres ci et là des carcasses de berline pourrissant dans un jardin quelconque, la portière d'un camion, des tôles de toutes sortes, des sièges d'un car... et on assemble le tout... J'attends impatiemment le résultat ; Puncque est excité comme un gosse a l'idée de faire la plus belle voiture du Malawi. Moi j’en profite pour l'accompagner dans les villages plus éloignés à la recherche des pièces détachées...

Il semblerait que tout le monde a dans son jardin un véhicule en train de pourrir qu'on désosse et revend centimètre par centimètre pour lui donner une nouvelle vie...


Le reste du temps, je le passe avec Kelvin, un ami d'école de Puncque qui étudie à Mzuzu, et qui rit sans cesse. Il sourit tellement qu'on dirait que son sourire s'est figé à jamais sur son visage. Avec Kelvin et Puncque, c'est le partage africain. Tout le monde donne, tout le monde prend. Kelvin m'a prêté toutes ses couvertures pour moi camper et m'assure qu'il peut dormir sans alors que les nuits sont fraiches... Je partage mes repas avec eux, ils font la même chose dès qu'ils ont quelque chose à manger, Kelvin paie pour Puncque quand il n'a pas d'argent, Puncque paie pour Kelvin des qu'il a à nouveau quelques kwachas en poche, etc etc.

Quand approche l'heure du repas dans les villages, et que les gens sont dehors accroupis à préparer le repas sur le brasero, ils nous font signe pour nous inviter à partager le nsima... C'est comme ça, on offre ce qu'on a, même si c'est pas grand chose, en signe d'hospitalité...


So, what’s my next plan ? un petit tour en Zambie et/ou le Sud dès que la voiture sera prête, c'est a dire le « demain africain »...J'avais en tête les chutes Victoria via le Mozambique et en traversant le Zimbabwe, mais il semblerait que le pays soit à feu et à sang, avec son fanatique et sanguinaire dictateur Mugabe qui tire sur son propre peuple et s'évertue a isoler le pays.

J'ai rencontré il y a quelques jours un Belge qui en revenait et me disait qu'il n'y a plus une goutte d'essence dans le pays, les voitures et les bus ne circulent plus, et par voie de conséquence plus de nourriture non plus dans les magasins. L'inflation y est la plus forte au monde : 4500 à 5000%, un billet de plusieurs dollars zimbabwéens qui vous servirait à acheter le repas d'une famille entière un jour, vous sera certainement plus utile comme papier toilette le lendemain !Les gens meurent de faim et se font tabasser à mort par l'armée quand ils manifestent. Ca a aussi un impact sur les pays voisins comme le Malawi qui importe habituellement énormément de produits du Zimbabwe, et voit les prix des produits de consommation courante augmenter du simple au triple, car originaires désormais d'Afrique du sud.


Allo ? Y a t-il quelqu'un qui s'en soucie dans les hautes sphères d’Occident ?