mercredi 25 juillet 2007

World Trip # 3: Malawi (Part II)

11 juillet – 18 juillet 2007

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

J’ai donc quitté Nkhata Bay pour Mzuzu au centre-nord du Malawi où je me trouve toujours actuellement. Je repasserai par Nkhata Bay, c’est certain ! J’ai laissé là-bas quelques personnes que j’ai déjà hâte de revoir.

Parmi elles, Che Billy bien sûr, mais aussi Benji, véritable clown -barman qui chante James Blunt mieux que Blunt lui- même (du moins une version différente) aux cuisinières qui virent du noir ébène au rouge écarlate à chacune de ses prestations improvisées.



World Trip #1: Tanzanie - ZanzibarWorld Trip #1: Tanzanie - ZanzibarIl y a aussi Windstone le rasta man qui ne boit pas ni ne fume, et qui vit en faisant des dreadlocks, en vendant des objets en bois sculptés, et accessoirement en faisant le taxi entre Nkhata Bay et l’aéroport de Lilongwe. Je devrais sans doute dire survit parce qu’honnêtement, je passais la majorité de mon temps dans ce qui lui sert de boutique, et à part des dizaines de ses potes qui passent solidairement tuer le temps, je n’ai pas vu un seul Kwacha (monnaie locale) entrer.


Dans sa boutique, on passait des heures entières à écouter et partager de la musique… J’avais pas pris mon ipod pour rien… Winston et ses copains sont imbattables sur le reggae. Ils sont implacables sur Bob Marley, Peter Tosh, Linton Kwesi Johnson, Burning Spear, etc. mais n’ont par contre jamais entendu parler de grands classiques comme les Rolling Stones, Nirvana, les Beatles… Même Madonna semble désormais plus connue pour être venue « acheter » un enfant du pays que pour ses tubes… quels tubes ?… Ce fût d’excellents souvenirs que de leur faire découvrir et apprécier des morceaux de Pink Floyd ou Arcade Fire, en échange de quoi, j’ai découvert quelques très bons chanteurs locaux …

Plus de 150 ans après la christianisation de la région par le Dr. Livingstone, c’est donc au tour de sa Rock’ n Rollisation par Gaele ! ;-)

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Windstone, c’est le symbole du « polé polé » (aucune traduction possible à part peut-être relax, relax) à lui tout seul. Un jour, je le croise par hasard en « ville » (c’est à dire sur une des deux routes asphaltées que comptent Nkhata Bay) dans sa grosse bagnole rafistolée, kitée façon locale, avec un immense baffle qui occupe tout l’arrière et crache du bruit plutôt que jouer de la musique.

Je lui demande si je peux rentrer avec lui vers le lodge qui se trouve à 1 km à peine… Et bien, on aura mis l’après-midi entière pour le parcourir ! Il faisait 10 mètres, s’arrêtait, sortait de la voiture , s’asseyait sur les marches d’un commerce quelconque et observait.

Forte de ma patience africaine, je l’imitais sans poser de questions, au bout d’une heure j’ose quand même lui demander « on attend qui ? », « Personne, on regarde les gens vivre », « Euh.. OK… ». Et c’était bien vrai. Assis tous les trois avec Puncque, un autre ami, on attirait des dizaines de passants qui venaient nous saluer « Hey Brothers, Hey Sister, blablabla », avant d’engager des conversations animées en Chichewa et rire avec mes deux acolytes de façon complice. Ca doit certainement faire partie d’une certaine convivialité perdue en Europe…

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

La rue est bondée de toutes sortes : des Africaines aux habits multicolores portant des bassines remplies de kilos de bricoles sur la tête, un bébé sur le dos, et traînant un gosse dans chaque main, des hommes en costard trois fois trop grands pour eux mais qui prennent des allures de Ministre, beaucoup de 4X4 flambant neuves appartenant aux dizaines de missions humanitaires actives dans la région, des gosses qui jouent au ballon fait de sacs plastiques compressés et liés en boule par une corde, des pêcheurs qui vident leur pirogue de 4 malheureux poissons pour en faire étalage sur de vieilles tables en bois, des grands-mères qui cuisent des épis de maïs au brasero pour les vendre un kwacha, des petites filles qui monnayent des bananes pour pouvoir s’acheter leur cahier scolaire, et enfin beaucoup, beaucoup de poules…

Le kilomètre a donc comporté 5-6 étapes et duré 5 heures, jusqu'à ce qu’il soit finalement l’heure de dîner, et qu’on s’arrête une dernière fois pour partager un plat de sardines avant de parcourir enfin les derniers 200 mètres d’une traite.


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Outre Windstone avec qui j’aimais passer du temps, il y avait aussi Special, Prince, Brain ou encore Argent. Et non, ce ne sont pas des noms d’emprunt, c’est simplement que leurs parents ne comprennent bien souvent pas un mot d’anglais et trouvaient sans doute simplement la sonorité sympathique… Vous ne me croirez sûrement pas si je vous dis que j’ai rencontré un Ricky Martin de 3-4 ans et même James Brown en personne !

En règle générale, les gens au Malawi possèdent 2 noms : un nom de baptême anglais et un nom en Chichewa qui veut ordinairement dire quelque chose. Ainsi Edward Puncque (Puncque = l’unique) a entre autres comme sœurs Agnès Thokozani (i.e.: « Be Thankful » car elle a failli mourir à la naissance), Jessica Wanangwa (i.e. : « Peace » car née au moment la chute de la dictature) ou encore la toute dernière Tamaha (i.e. : « We’re finished », la mère devait en avoir marre)… Ca ne s’invente pas ! ;-)

Moi ici, je m’appelle « Djaèli » ou parfois « Djaèla».. pas que cela veuille dire quelque chose, mais mon prénom leur est tout bonnement impossible à prononcer.


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

A Nkhata Bay, je passais le plus clair de mon temps avec Puncque et ses amis. Puncque, je vous en parlerai vraisemblablement plus tard car il mériterait certainement un chapitre à lui tout seul…

Quelques soirs nous sommes sortis dans la seule boite de nuit locale, le « six-seven-two », qui n’a de boite de nuit que le nom. C’est en réalité un bar on-ne-peut-imaginer-plus-glauque, dont la clientèle est composée à 99% d’hommes ivres dansant corps à corps faute d’éléments féminins. Le volume de la musique est au maximum, et on distingue avec peine les morceaux qui passent tant les « scratches » couvrent le tout. Pour divertir les hommes hétéros qui ne sont pas suffisamment désespérés ou saouls pour danser langoureusement avec leurs comparses masculins, 3-4 télévisons diffusent des vieux films américains de série B (ou de série C si elle existait) sans le son… Je ne sais pas de quand datent ces vieux navets trop vite oubliés ou injustement méconnus, mais ils mériteraient de devenir cultes : on peut y voir Sean Penn imberbe avec une coiffure à faire pâlir de jalousie Dave sortant d’un brushing , ou encore Nicolas Cage avec encore tous ses cheveux.


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Les rares filles locales qui fréquentent le bar sont d’après mes amis toutes des prostituées du village avec lesquelles ils ont grandi… Aucun tabou, prostituée ici est un métier comme un autre.. Certains vendent des poissons, d’autres leur corps.

Mon premier soir de baptême au « 6-7-2 » a éclaté une bagarre entre deux d’entre elles pour un client potentiel, elles ont fini par se jeter des bouteilles de bière à la tête, et la police a dû intervenir pour fermer prématurément le bar avant que cela ne dégénère en guerre civile champêtre… dur la vie d’oiseau de nuit au Malawi ! ;-)


Ici, à Mzuzu, on se rend de temps en temps au « Paris », un des deux seuls bars/clubs de la ville. A part la bière qui y est plus chère, aucune différence à signaler… Mêmes films, mêmes prostituées, même ambiance sordide…


A l’entrée, on ne vend pas des hamburgers ou des hot-dogs pour caler les estomacs des buveurs, mais des pattes et têtes de coqs grillées…


A Nkhata Bay, je ne me suis pas mêlée beaucoup aux Mzungus. J’ai seulement noué contact avec deux Norvégiennes qui rentraient au pays, et troquaient l’intégralité de leurs vêtements usés contre des peintures locales et colliers (pas vraiment altruiste, mais futé…), et Yann, un Français travaillant dans l’humanitaire d’urgence à Bujumbura, Burundi avec qui j’ai passé une agréable matinée à philosopher sur l’humanitaire en Afrique autour d’une tasse de café.

Ce matin là, on a d’ailleurs eu droit au spectacle de la semaine : une colonne vaporeuse noire de plusieurs centaines de mètres de hauteur s’élevant au beau milieu du lac. On aurait cru que l’eau prenait feu… Sorcellerie africaine ? c’était en fait des millions ou milliards de mouches qui s’élèvent en colonne, provenant d’on ne sait où, pour aller on ne sait où.

Captain Billy a déjà semble t-il conduit plusieurs expéditions scientifiques tentant de déceler le mystère de ce phénomène, mais cela reste encore aujourd’hui le secret du lac…

Tout ce qu’on sait au Malawi, c’est que ces mouches sont les meilleures à manger.. Ainsi quand apparaît la colonne, les piroguiers se ruent sur elle armés de filets… Une bonne boulette de mouches est un vrai délice… paraît-il…


Un dernier petit mot sur la nourriture pour conclure ce chapitre: du poulet, du poulet et encore du poulet ! Et du nsima, matin, midi et soir. Le nsima, c’est la nourriture de base au Malawi, de la farine de mais bouillie pour en faire une sorte de porridge compact et sans saveur avec lequel on forme avec ses doigts des boules à tremper dans la sauce qui accompagne.

Règle de base quand on commande à manger : ne jamais se fier au menu mais demander d’abord ce qu’il y a de disponible. Ca évite de commander un plat et se faire dire, pas moins d’une demi heure plus tard, que les ingrédients ne sont plus en stock, commander un autre plat, et une autre demi heure plus tard, même chose… Ca peut durer très longtemps ! ;-)

Enfin, ne pas s’attendre à ce que ce qu’on commande corresponde nécessairement à ce qu’on reçoit dans l’assiette... A Nkhata Bay, le resto annonçait tous les jours fièrement son « Today’s Special » variant entre Lemon Chicken, Beef Curry, Spanish Omelette, etc, et pourtant invariablement dans mon assiette la même maigre cuisse de poulet mijotée avec des tomates et haricots.. et du nsima. Par contre, à Mzuzu, c’est le contraire : je vais tous les soirs au même snack-resto, imbattable point de vue rapport qualité prix (plats entre 1 et 2 euros, le large sourire du patron en prime), et malgré ma commande quotidienne identique de Chicken Curry, c’est plutôt le Malawian Chicken’s Surprise.. Selon les jours, poulet rôti, poulet frit, poulet oignons…


Sur les marchés, on mange des frites cuites dans une huile sans doute vieille de plusieurs années et chauffée au brasero, accompagnées au choix de pattes de coq ou intestins de bœuf. Je ne me sens pour ainsi dire pas encore tout à fait prête pour ça…

Téméraire, j’ai déjà essayé ce que j’ai cru comprendre être des rates de poulet grillées… et bien, euh, honnêtement ? Bof ! ;-)



mardi 24 juillet 2007

World Trip #2: Malawi (Part I)

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Malawi : lauréat du triste hit-parade des 10 pays les plus pauvres de la planète ; sur dix enfants nés, l’un d’eux mourra avant l’age d’un an (c’était encore un sur deux il y a quelques années) ; 70% de sa population souffrent de malnutrition ; certaines sources estiment à une sur trois le nombre de personnes porteuses du virus HIV ; un cinquième de sa surface occupée par le majestueux Lake Nyassa ou Lac Malawi ; mais aussi 12 millions de personnes, toutes souriantes, … et pour la plupart extrêmement chaleureuses.


Le trajet pour me rendre de la frontière tanzanienne à Nkhata Bay fut relativement ardu : 4 changements de bus (qui n’ont absolument rien à voir au niveau confort avec les bus tanzaniens) et leurs heures d’attente, et 2 matolas (Taxis / Pick-Ups locaux), mais ma motivation n’a d’égal que le bien que Patrick m’a dit du Malawi…


Le dernier tronçon du trajet qui part du centre du pays pour descendre vers le lac est splendide ; la route en terre est rouge vif, alors que plus loin, la brousse dorée est surmontée de montagnes vert sombre, presque bleues à la lumière du soleil tombant… L’uniformité des couleurs est cependant rompue par les costumes chamarrés des villageois qui reviennent en sifflant des champs sans se soucier le moins du mondes des matolas qui les frôlent à toute allure…


J'ai tout de suite que j'allais aimer cet endroit.


A Nkhata Bay, j'ai trouvé où me nicher dans une petite hutte perchée dans les rochers à 2 mètres à peine des rives du lac, et où je m'endormais chaque soir bercée par le bruit apaisant des vagues…


A mon arrivée, j'ai rencontré Captain Billy, alias Jack Sparrow, rebaptisé désormais Che Billy depuis qu'il ne daigne plus quitter mon béret du Che Guevara rapporté comme cadeau de Cuba. Je me demande même parfois s'il ne dort pas avec en rêvant de sa propre revolucion



World Trip #1: Tanzanie - ZanzibarChe Billy possède son rafiot (oops.. ferry) qu'il utilise pour navetter les gens de part et d'autre du lac. Avec lui, je suis allée en bateau voir les aigles perchant le long des rives, et capables d’attraper au vol les carcasses de poissons que l’on jette en l'air pour les attirer.

Les observer des près foncer à toutes vitesses pour saisir leur proie est un spectacle véritablement impressionnant ! Quelle adresse !


Avec Che Billy Sparrow, je suis également allée de nuit faire mordre l’hameçon sur le lac où l'on croise les pêcheurs locaux avec leur petite pirogue rafistolée, leur misérable bout de ficelle transparente et leurs minuscules bougies pour trouver leur chemin dans l’obscurité totale.


Certains d’entre-eux, n’ayant même pas de quoi se payer un bout de chandelle s’arrime à la pirogue de leur voisin. Ainsi, chaque lueur observée du rivage équivaut en fait à 4 ou 5 piroguiers. Des rives, les centaines de lumières pourraient faire croire qu’une mégalopole vient de surgir des fonds du lac.


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

La pêche pour nous n'a pas été vraiment miraculeuse : 2 maigres poissons qui me faisaient tellement pitié que j'avais envie de les rejeter à l'eau... si ils n’avaient pas fait le bonheur de plusieurs estomacs malawiens…


De plus, Billy avait embarqué une bouteille d'alcool local, le Kachasu pour me le faire goûter… tellement home made qu'on ne peut pas prédire son pourcentage d'alcool, fluctuant entre 30 et 60 degrés. Absolument imbuvable pour mes petites papilles occidentales, Che Billy a terminé seul la bouteille pour accompagner ses 2 « Bob Marley's cigarets » comme ils disent ici… Il était donc grand temps de rentrer avant que notre Jack Sparrow local ne nous fasse sombrer et manger par les crabes et poissons chats du lac…


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Mon petit Eden est tenu par Gary, un Sud Africain qui a construit l'entièreté de son Lodge avec l'aide des gens du village,… et depuis c'est devenu un peu l'endroit de tout le monde ; il y a autant de Mzungus que de locaux qui viennent s'y prélasser, et Gary fait beaucoup d’esbroufes pour que tout le monde s'y sente accueilli comme chez lui. Le soir de mon arrivée était organisé un buffet de spécialités sud africaines offertes par la maison, juste comme ça…


Quelques jours plus tard on célébrait les 8 ans du Lodge avec au programme une journée entière de festivités : courses de pirogues, compétition de billard (sport national du Malawi : tout bar digne de ce nom se doit de posséder une table), grand barbecue de chèvres (leurs cris m'ont réveillés tôt le matin alors qu'on les égorgeait ( !)), chanteurs locaux, etc… et tous les jeunes et moins jeunes de Nkhata Bay présents pour vibrer aux sons des jembes…


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

La façon de danser locale est de former ensemble un cercle en tapant des mains et, tour à tour, inviter chacun à venir faire sa petite prestation en son centre ; break-dance, salto avant, arrière, etc. Même les mamans africaines s’y donnent à cœur joie avec, attaché sur leur dos, leur bébé qui dort paisiblement en ignorant les décibels et les trépidations maternelles.


Gary, le patron, possédait 8 salons de coiffure à Cape Town, Afrique du Sud. A l’abolition de l’apartheid, les frontières se sont enfin ouvertes laissant malheureusement aussi la voie libre à l’afflux de drogues. En l’espace de 6 mois, il est devenu cocaïnomane et a tout perdu. Il me disait « avant j’étais riche, speedé, et parano : je possédais une énorme maison, la voiture qui va avec, mais surtout des assurances pour tout. Aujourd’hui, je ne possède rien, même pas le lopin de terre sur lequel est construit ma petite maison en bois, je n’ai pas de voiture, je ne sais plus ce qu’est un compte en banque, et je suis le plus heureux des hommes ».


Il m’a proposé de rester autant de temps que je désirais, tous frais payés, en échange d’aide au bar et à la gestion… Des envies de tout quitter ?


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Cependant Gary a une personnalité ambivalente ; c’est un noceur qui ne rate jamais une occasion de faire la fête avec les résidents. Cela se traduit souvent pour lui par des cuites sans fin ; je l’ai plus d’une fois vu boire sans dormir 48h d’affilée, offrant des gins à tour de bras à tout qui passe au moment du petit déjeuner.


Mais aussi un soir, alors que je discutais à table avec des copains malawiens, Gary est venu leur dire quelque chose dans le creux de l’oreille qui les a tous fait déguerpir sur le champ. J’ai dû insister auprès d’eux pour comprendre que Gary leur avait demandé de laisser les chaises libres pour les blancs, les accusant au passage du vol d’un GSM laissé sur la plage par une anglaise. Ils m’expliquèrent que Gary est comme ça, adorable, et soudainement possédé par ses vieux fantômes de fumier d’Afrikaner…


J’ai fait mon sac et je suis partie le lendemain matin… il était, de toutes façons, sans doute temps pour moi de découvrir le reste du Malawi.

jeudi 19 juillet 2007

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

3 Juillet 2007 – 10 Juillet 2007


Moni!

Moni, c’est « Bonjour » en Chichewa, langue officielle du Malawi….Enfin du moins la version courte, parce qu’ensuite doivent venir les interminables formules de politesse : "Muli Bwanji ? Ndiro Bwino, kanya ine ? Ndire Bwine, Zikomo, etc etc etc etc"…. qui n’auraient aucune signification si elles n’étaient pas ponctuées de gestes expressifs ; se serrer les mains très fort, les secouer dans tous les sens, se faire une sorte de « Gimme 5 », se joindre les mains poing contre poing, et ensuite éventuellement conclure en se frappant la poitrine gauche avec ce même poing en signe de respect et déférence envers son interlocuteur… Ces civilités sont en outre toujours accompagnées de rires sonores et de larges sourires dont manifestement seuls les Africains ont le secret…
Et croyez moi, même si vous êtes pressé (Ce qui est fortement proscrit sur ce continent), il serait très mal vu de tenter d’écourter ces séances de salutations !!

Mon voyage n’a finalement réellement débuté qu’il y a quelques jours à peine… Pourtant, les expériences sont si intenses que j’ai l’impression qu’il y a déjà une éternité que je suis partie. Aussi, il m’aura fallu peu de temps pour dégoter mon premier petit Eden… et je dois avouer que j’ai bien du mal à en décoller, quand bien même je l’envisagerais un jour…


Mon voyage n’a finalement réellement débuté qu’il y a quelques jours à peine… Pourtant, les expériences sont si intenses que j’ai l’impression qu’il y a déjà une éternité que je suis partie. Aussi, il m’aura fallu peu de temps pour dégoter mon premier petit Eden… et je dois avouer que j’ai bien du mal à en décoller, quand bien même je l’envisagerais un jour…


Mais commençons plutôt par le début… Premières minutes à l’aéroport de Dar Es Salaam, Tanzanie, Je viens à peine de récupérer mon sac a dos qu’un agent de la sécurité m’accoste et me questionne sur mes plans ; j’en sais rien ; pas de plan était à l’origine LE plan..
Farniente à Zanzibar pour prendre des forces peut-être ? Ca tombe bien, le prochain avion pour l’île décolle dans 30 minutes chrono.. c’est parti ? C’est parti !!
L’avion est en fait un minuscule coucou d’une dizaine de places et nous ne sommes que 4. Le pilote prend place : « Y a des Belges qui voyagent ? Enchanté je viens d’Ostende ». On aura vite compris pourquoi un pilote ostendais est venu professer ici dès qu’on aura survolé les magistrales îles coralliennes de l’océan indien…


Zanzibar, rien que le nom est exotique ; belles plages, sable blanc farineux, mer cristalline, poissons multicolores… le paradis du plongeur, et donc des « mzungus » (le nom qui désigne le blanc dans la majeure partie des pays est et sud africains). Les resorts 5* et hôtels chics pullulent le long de la côte, et leurs prix grimpent aussi vite que leur taux d’occupation.
Même dans mon petit bungalow relativement bon marché tenu par un Tanzanien démarrant humblement son business, j’avais l’impression que mon budget explosait à chaque bouffée d’air que j’inhalais. Après 4-5 jours, il était temps de retrouver le continent où l’oxygène elle-même semblait moins coûteuse.


Retour à Dar Es Salaam dans un avion encore plus compact que celui de l’aller. Je mourais de

peur assise à côté du pilote qui trompait difficilement son ennui, regardant sans cesse en baillant par sa fenêtre de gauche contre laquelle il s’endormait à moitié. J’hésiterai tout le temps que durera le vol entre prendre moi-même les commandes ou lui asséner un bon coup de pied pour lui rappeler de regarder droit devant ! Pour la prochaine fois ; je préfèrerais ne pas savoir ce qui se passe dans le cockpit…


J’aurai passé une seule nuit à Dar Es Salaam, y arrivant en fin d’après-midi et prenant le bus le lendemain matin tôt vers le Sud du pays. J’y ai néanmoins rencontré Jason, un New-yorkais en partance vers l’Ouganda pour sa thèse de doctorat, fervent militant anti-Bush, et fier d’être passé sur CNN pour avoir hué Condoleeza Rice lors de son passage sur le campus de la Columbia University. On a bu des Safaris et des Kilimandjaros (noms … un brin emblématiques… des bières locales) toute la nuit en compagnie de Fahrid, un Tanzanien musulman qui de son côté espérait un changement de présidence pour pouvoir étudier l’informatique aux Etats-Unis…l’histoire ne dira pas s’ils finiront ensemble par fomenter un attentat contre l’habitant de la Maison Blanche.. ;-)

On passera l’entièreté de la nuit à discuter tous les trois sur une terrasse miséreuse d’un café d’une ruelle isolée. Pourtant, sur cette même soirée, on aura rencontré une trentaine d’autres tanzaniens, Tanzaniens qui, passant par hasard devant vous, ne sont nullement gênés d’interrompre la conversation pour faire les longues salutations d'usage, s’inviter à votre table, prendre part aux débats, et puis partir, parfois des heures plus tard, de façon tout aussi désarçonnante qu’ils sont venus… Tout le monde discute avec tout le monde dans un vacarme total et une ambiance bon enfant…



Le lendemain soir et 12 heures de bus plus tard, arrivée à Mbeya, sud de la Tanzanie. Les bus tanzaniens sont d’un confort surréel comparé aux pistes sur lesquelles ils opèrent… Quand un « steward » m’a tapé sur l’épaule pour me proposer une bouteille d’eau bien fraîche ; j’ai cru aux effets secondaires de la Safari locale… :-)

Etant la seule mzungu à bord, les gens se montraient on ne peut plus aimables, m’invitant sans cesse à partager leur nourriture - les femmes surtout- mais la majorité de celles-ci n’ayant pas accès à l’éducation, il est rare qu’elles parlent l’anglais ; les conversations se restreignaient dés lors au lexique basique du « Lonely Planet »… Une page et demi ; vous avez le choix entre répéter sans cesse les mêmes mots en souriant bêtement, ou couper court grossièrement et au plus vite à la conversation…

A Mbeya, à l’extrême sud de la Tanzanie, j’ai fait la connaissance de Patrick, guide originaire du Malawi. On a dîné ensemble, et il m’a donné plein de tuyaux pour voyager et séjourner dans son pays. C’est aussi grâce à lui que j’ai trouvé mon petit Eden dont je vous parlais, à Nkhata Bay.
Lendemain, réveil pénible à 5h du matin, je me dépêche car le bus est sensé me prendre dans un petit quart d’heure ... Sauf que j’ai mis du temps à réaliser que je ne me trouvais plus dans la partie touristique de la Tanzanie mais bien en Afrique puisqu'à 9h du matin, j’étais toujours perdue au milieu de la route sans aucun bus à l’horizon…Pourquoi ? Parce que ce dernier était occupé à faire le tour de la ville à la recherche de passagers, et ne daignera certainement pas partir tant qu’il restera le moindre centimètre cube à combler… Quand il arrive, il me faut trouver une place sur un sac de riz ou d’oignons en prenant garde de ne pas écraser les poules qui sont également du voyage. Je me suis néanmoins consolée du temps d’attente en délectant un magnifique lever de soleil sur les montagnes de Mbeya…

Trois heure de l’après-midi ; une tape vigoureuse sur l’épaule me réveille, le bus s’arrête, on balance à terre mon lourd sac à dos qui tenait bon an mal an sur le toit et me signale que nous sommes arrivés près de la frontière du Malawi. A peine le temps de reprendre mes esprits que le bus est déjà reparti et ne dessine désormais plus qu’un nuage de poussière à l’horizon. Je me retrouve dans un village de brousse au milieu de nulle part et me rappelle que la frontière est délimitée par une rivière, c’est donc bien elle qu’il faut maintenant que je trouve, et c’est ce qui me sauvera… si vous demandez « Malawi Border ? », tout le monde vous fait oui de la tête (ben oui, imbécile on est bien à la frontière du Malawi), si vous dites « River », alors là on semble vous indiquer une direction…. Elle est en fait à environ 1 km qu’il faut parcourir sous un soleil de plomb avec 30 kilos sur le dos et des tonnes d’énergumènes qui vous harcèlent pour changer vos devises au marché noir.
Une traversée de la Songwe River et deux cachets sur le passeport plus tard : Malawi, me voilà !!!