lundi 6 août 2007

World Trip # 6: Malawi (Part V)

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Me voici à Lilongwe, la capitale (faut le dire vite, ça ressemble plutôt à une ville provinciale), ...et mon actualité du jour est qu'hier soir, j'ai mangé une délicieuse pizza cuite au feu de bois (ben oui chacun son quotidien ;-)), et pardonnez moi l'expression, mais après un mois de cure forcée poulet ou omelette, riz ou Nsima.. Bordel, qu'est ce que ça fait du bien !!! :D


Je suis arrivée hier soir après 6 heures de taxi brousse. Pas de chance pour moi, je me suis retrouvée coincée à côté d'un grand gabarit; sachant qu'on nous compresse au bas mot à 4 par banquette, il n'y avait plus que le gros orteil que je parvenais péniblement à bouger! Pour continuer, Puncque m'avait fait ses recommandations avant le départ: " Tu demandes au chauffeur de te déposer au shopping centre, c'est plus près du campement où tu vas, et te coûtera donc moins cher en taxi". J'étais, j'avoue, toute fière d'être à la source des trucs et astuces pour lesquels nombres de mzungus se damneraient, sauf que... merci Puncque... mais le shopping centre un dimanche soir à 21h.. y a pas des masses de monde, et donc pas des masses de taxis non plus! Imaginez le parking d'une grande surface en pleine nuit; pas grand chose à y faire, et pas envie d'y traîner non plus!

Pas de panique, pas de panique, c’est pas parce que l’endroit ressemble à un coupe-gorge qu’on doit obligatoirement s’y faire guillotiner.. j'ai marché environ 1 km dans le noir et mes petits souliers avant d'apercevoir une lumière et un sympathique couple pour m'indiquer l'endroit le plus proche où trouver un taxi...


Puncque doit en principe arriver ce soir à Lilongwe (le "Ce soir" africain), toujours occupé par sa voiture, enfin plutôt son engin de l'espace à 4 roues... Moi je commençais à me lasser des 5 rues de Mzuzu dont je connais maintenant les moindres recoins, et j’étais impatiente de voir à quoi ressemblait la capitale. Et je dois dire, qu'a part ma délicieuse pizza d'hier soir, c'est un peu la déception: tout semble tomber en ruine. J'arpente les rues à la recherche des endroits sympas recommandés par mon guide, qui au final n'existent plus; je voulais faire le plein de livres dans les 3 librairies que compte Lilongwe... et sur ce point, je pense qu'en comparaison, mon petit libraire du coin à Bruxelles ressemble à la grande bibliothèque nationale française. Sur les étagères, un livre de maths par ci, un vieux livre de médecine des années 70 par là, beaucoup de livres de religion... et... eh ben c'est tout! J'imagine encore plus aisément les difficultés que doivent rencontrer les secteurs de l'éducation dans ce pays!! Mon shopping se résumera à un dictionnaire anglais-chichewa, et des semences de toutes sortes pour que les sœurs de Puncque puissent se faire un potager...

Et puis enfin, je voulais être un peu seule (c'est devenu une denrée rare les moments de solitude quand on est mzungu en Afrique! )... et.. eh ben non! En sortant de mon campement ce matin, je me fais aborder par un rasta qui veut me vendre des batiks... J'essaye de dire non poliment.. « on reste amis, mais non merci »…. Comme il ne daigne pas me lâcher, je lui fais la conversation en marchant.. "tu viens d'ou?", "Nkhata Bay", "Ah ben tu connais sans doute Puncque, Windstone, Billy...", "ben oui, on etait tous à l'école ensemble, tu es amie avec Puncque?! Hey Sister!"...

Voilà comment je me fais dans l'heure qui suit présenter à 300 milliards de personnes qui connaissent Puncque et qui m'emmènent ce soir au village environnant pour aller boire des Kuche Kuche (la biere locale, the pride of Malawi... aie aie aie ... :-) Dur la notoriété! :D


Après-Demain je lève le camp (au sens propre et figuré) et pars en bus pour la Zambie et son South Lunwanga National Park décrit dans les guides comme "the finest wildlife reserve anywhere in Africa" (c'est prometteur!) et confirmé par beaucoup de Malawiens eux-mêmes comme "l'Africa's best kept secret" car très peu de touristes...enfin pas encore...


J'y vais surtout aussi car j'ai ma combine: Puncque doit y conduire un riche couple de mzungus en 4X4, ce qui veut dire qu'une fois sur place, en tant que guide, le logement dont il essaiera de me faire profiter, lui est offert gracieusement (il me reste toujours la tente en back-up), et surtout la 4X4 à disposition pour m'emmener faire un brin de causette aux lions et girafes du coin...


Et c'est ici que je me rends compte que je ne suis absolument pas à jour, car j'ai oublié de vous raconter mon précédent safari.... Bon alors en vitesse..

Il y plus d'une semaine déjà, suis partie au Nyika Plateau, au Nord, à cheval sur la frontière zambienne. Une sacrée combine également. Y suis allée avec Puncque et son meilleur ami, Davie que j'apprends à connaître. Entre lui et moi, c'est pas ce qu'on pourrait appeler le grand amour. Vu de loin, c'est une sorte de rasta rustre qui se lave à mon avis très peu souvent, et qui voit d'un mauvais œil le fait de devoir partager l'amitié de Puncque. Vu de près, c'est aussi quelqu'un que j'ai découvert assoiffé de lectures (sa chambre contient plus de livres que toutes les librairies de Lilongwe réunies), et curieux de musique en tout genre... C'est avec lui que Puncque projette de faire son propre de business de Safari pour arrêter de se faire scandaleusement sous payer par les patrons blancs qui détiennent la majeure partie du marché, et épargner suffisamment d'argent pour mettre le cap sur l'Afrique du Sud.

J'ai donc été acceptée dans la jeep vers Nyika en échange d'aide à la préparation des repas pour leurs clients mzungus.

Nyika ce sont des vallées à perte de vue, des paysages splendides où se perdent antilopes, zèbres, hyènes, chevaux sauvages... J'y suis même tombée nez à nez avec un cheeta (famille du léopard, couleur du léopard, mais ce n'est pas un léopard) qui a eu peur de moi (ben si !). J'etais chanceuse; Puncque qui est venu dans le parc une bonne centaine de fois n'en avait jamais vu.

En rentrant vers Mzuzu, petit détour par le Vwaza Marsh, où nous attendaient éléphants, hippos, babouins, ... Grandiose!


Pour le Safari, Davie avait loué une voiture typiquement du pays, c'est à dire sans plus de klaxons, plus de phares, plus de lève vitre, plus de serrures, plus de poignées de porte, plus de rétroviseurs.. enfin bref, toutes ces choses superficielles qui ont été très certainement revendues en pièces détachées à un crâneur qui voulait l'option poignée de porte ou essuie glace sur sa voiture... ;-)

Typiquement du pays aussi les 3 pannes dont 2 pneus crevés: la première au beau milieu du parc: 2h d'attente au beau milieu de nulle part (autant dire seuls au monde) avant de se faire rapatrier sur le toit d'une autre 4X4 (tant mieux la vue panoramique - même si assez secouée- nous fait profiter davantage des paysages), la dernière panne sur la route de retour, on sera rentrés en stop dans la benne d'un camion.. des banalités du quotidien africain quoi!

J'ai pu aussi pendant le safari faire la connaissance d'une admirable américaine, Sarah, peace corp dans un village recule de Zambie, vivant 100% à la manière des locaux, et avec qui j'ai finalement partagé la chambre pour quelques nuits... J'essayerai d'aller lui rendre visite dans son village...


Comme les autres mzungus du Safari rentraient a Nkhata Bay, j'ai profite du lift pour aller dire bonjour à mes amis du coin. Chaudes retrouvailles au sens propre comme au figure. Le lendemain de mon arrivée, il y a eu un énorme incendie : tout le centre de Nkhata Bay occupé par le marché disparaissait, dévoré par les flammes!

Le marché était un enchevêtrement de gargotes de fortune en bois dans lesquelles les vendeurs se réchauffent au brasero (on se demande par quel miracle ce désastre n’est jamais arrivé plus tôt).


Les gens se jetaient, désespérés et au péril de leur vie, dans les flammes pour récupérer la moindre bricole, avec, au-dessus de leur tête, les pylônes électriques qui menaçaient de tomber, et d'ou jaillissaient des impressionnantes étincelles.

Je me sentais impuissante et désemparée, offrant tout ce que je pouvais, c'est a dire bêtement mon gsm pour que les gens puissent téléphoner aux secours et avertir leurs proches...


Quand je demandais à quelqu’un d’appeler la police pour stopper ce suicide collectif, on me répondait "laisse tomber, la police ne fera rien". Et effectivement, malgré leur bureau situé à 300 mètres, j'en n'ai pas vu un seul de sortie ce soir la...


Alors que les flammes s'approchaient dangereusement d'une station essence, je suppliais presque les gens d'appeler les pompiers... "les quoi?? Les pompiers sont à une heure de route d'ici". Les gens riaient entre eux, se remémorant le dernier incendie a Nkhata Bay: quasiment une heure pour que les pompiers rassemblent les troupes dispersées dans les bars de Mzuzu et quasi tous ivres morts, une panne en cours de route, et finalement, à l'arrivée pas d'eau dans le camion...

Tant pis, après avoir enfin trouve quelqu'un qui connaît leur numéro, j'appelle moi-même: 1 fois, deux fois... 10 fois… personne ne décrochera.

Finalement, je demande à un ami qui possède un pick-up d'aider les gens à dégager et transporter les choses qu'ils ont réussi à sauver des flammes... "pas question, si des choses sont volées, c'est moi qu'on va accuser, je ne sais pas a qui appartient réellement ce que je vais transporter". Je resterai choquée de son manque de solidarité jusqu'au moment où des bagarres ont éclaté: des gens ont profité de la panique pour piller tous les commerces environnants... et toujours pas de police....

Il aura fallu 2 interminables heures pour que le courant soit enfin coupé et que les étincelles électriques cessent de jaillir dangereusement en direction de la foule.... mais aussi seulement 2 toutes petites heures pour réduire en cendres (et réellement plus que des cendres) le marché, et sans doute aussi l'investissement de toute une vie de certains commerçants....


Une triste tranche de vie à Nkhata Bay....


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