mardi 24 juillet 2007

World Trip #2: Malawi (Part I)

World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Malawi : lauréat du triste hit-parade des 10 pays les plus pauvres de la planète ; sur dix enfants nés, l’un d’eux mourra avant l’age d’un an (c’était encore un sur deux il y a quelques années) ; 70% de sa population souffrent de malnutrition ; certaines sources estiment à une sur trois le nombre de personnes porteuses du virus HIV ; un cinquième de sa surface occupée par le majestueux Lake Nyassa ou Lac Malawi ; mais aussi 12 millions de personnes, toutes souriantes, … et pour la plupart extrêmement chaleureuses.


Le trajet pour me rendre de la frontière tanzanienne à Nkhata Bay fut relativement ardu : 4 changements de bus (qui n’ont absolument rien à voir au niveau confort avec les bus tanzaniens) et leurs heures d’attente, et 2 matolas (Taxis / Pick-Ups locaux), mais ma motivation n’a d’égal que le bien que Patrick m’a dit du Malawi…


Le dernier tronçon du trajet qui part du centre du pays pour descendre vers le lac est splendide ; la route en terre est rouge vif, alors que plus loin, la brousse dorée est surmontée de montagnes vert sombre, presque bleues à la lumière du soleil tombant… L’uniformité des couleurs est cependant rompue par les costumes chamarrés des villageois qui reviennent en sifflant des champs sans se soucier le moins du mondes des matolas qui les frôlent à toute allure…


J'ai tout de suite que j'allais aimer cet endroit.


A Nkhata Bay, j'ai trouvé où me nicher dans une petite hutte perchée dans les rochers à 2 mètres à peine des rives du lac, et où je m'endormais chaque soir bercée par le bruit apaisant des vagues…


A mon arrivée, j'ai rencontré Captain Billy, alias Jack Sparrow, rebaptisé désormais Che Billy depuis qu'il ne daigne plus quitter mon béret du Che Guevara rapporté comme cadeau de Cuba. Je me demande même parfois s'il ne dort pas avec en rêvant de sa propre revolucion



World Trip #1: Tanzanie - ZanzibarChe Billy possède son rafiot (oops.. ferry) qu'il utilise pour navetter les gens de part et d'autre du lac. Avec lui, je suis allée en bateau voir les aigles perchant le long des rives, et capables d’attraper au vol les carcasses de poissons que l’on jette en l'air pour les attirer.

Les observer des près foncer à toutes vitesses pour saisir leur proie est un spectacle véritablement impressionnant ! Quelle adresse !


Avec Che Billy Sparrow, je suis également allée de nuit faire mordre l’hameçon sur le lac où l'on croise les pêcheurs locaux avec leur petite pirogue rafistolée, leur misérable bout de ficelle transparente et leurs minuscules bougies pour trouver leur chemin dans l’obscurité totale.


Certains d’entre-eux, n’ayant même pas de quoi se payer un bout de chandelle s’arrime à la pirogue de leur voisin. Ainsi, chaque lueur observée du rivage équivaut en fait à 4 ou 5 piroguiers. Des rives, les centaines de lumières pourraient faire croire qu’une mégalopole vient de surgir des fonds du lac.


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

La pêche pour nous n'a pas été vraiment miraculeuse : 2 maigres poissons qui me faisaient tellement pitié que j'avais envie de les rejeter à l'eau... si ils n’avaient pas fait le bonheur de plusieurs estomacs malawiens…


De plus, Billy avait embarqué une bouteille d'alcool local, le Kachasu pour me le faire goûter… tellement home made qu'on ne peut pas prédire son pourcentage d'alcool, fluctuant entre 30 et 60 degrés. Absolument imbuvable pour mes petites papilles occidentales, Che Billy a terminé seul la bouteille pour accompagner ses 2 « Bob Marley's cigarets » comme ils disent ici… Il était donc grand temps de rentrer avant que notre Jack Sparrow local ne nous fasse sombrer et manger par les crabes et poissons chats du lac…


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Mon petit Eden est tenu par Gary, un Sud Africain qui a construit l'entièreté de son Lodge avec l'aide des gens du village,… et depuis c'est devenu un peu l'endroit de tout le monde ; il y a autant de Mzungus que de locaux qui viennent s'y prélasser, et Gary fait beaucoup d’esbroufes pour que tout le monde s'y sente accueilli comme chez lui. Le soir de mon arrivée était organisé un buffet de spécialités sud africaines offertes par la maison, juste comme ça…


Quelques jours plus tard on célébrait les 8 ans du Lodge avec au programme une journée entière de festivités : courses de pirogues, compétition de billard (sport national du Malawi : tout bar digne de ce nom se doit de posséder une table), grand barbecue de chèvres (leurs cris m'ont réveillés tôt le matin alors qu'on les égorgeait ( !)), chanteurs locaux, etc… et tous les jeunes et moins jeunes de Nkhata Bay présents pour vibrer aux sons des jembes…


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

La façon de danser locale est de former ensemble un cercle en tapant des mains et, tour à tour, inviter chacun à venir faire sa petite prestation en son centre ; break-dance, salto avant, arrière, etc. Même les mamans africaines s’y donnent à cœur joie avec, attaché sur leur dos, leur bébé qui dort paisiblement en ignorant les décibels et les trépidations maternelles.


Gary, le patron, possédait 8 salons de coiffure à Cape Town, Afrique du Sud. A l’abolition de l’apartheid, les frontières se sont enfin ouvertes laissant malheureusement aussi la voie libre à l’afflux de drogues. En l’espace de 6 mois, il est devenu cocaïnomane et a tout perdu. Il me disait « avant j’étais riche, speedé, et parano : je possédais une énorme maison, la voiture qui va avec, mais surtout des assurances pour tout. Aujourd’hui, je ne possède rien, même pas le lopin de terre sur lequel est construit ma petite maison en bois, je n’ai pas de voiture, je ne sais plus ce qu’est un compte en banque, et je suis le plus heureux des hommes ».


Il m’a proposé de rester autant de temps que je désirais, tous frais payés, en échange d’aide au bar et à la gestion… Des envies de tout quitter ?


World Trip #1: Tanzanie - Zanzibar

Cependant Gary a une personnalité ambivalente ; c’est un noceur qui ne rate jamais une occasion de faire la fête avec les résidents. Cela se traduit souvent pour lui par des cuites sans fin ; je l’ai plus d’une fois vu boire sans dormir 48h d’affilée, offrant des gins à tour de bras à tout qui passe au moment du petit déjeuner.


Mais aussi un soir, alors que je discutais à table avec des copains malawiens, Gary est venu leur dire quelque chose dans le creux de l’oreille qui les a tous fait déguerpir sur le champ. J’ai dû insister auprès d’eux pour comprendre que Gary leur avait demandé de laisser les chaises libres pour les blancs, les accusant au passage du vol d’un GSM laissé sur la plage par une anglaise. Ils m’expliquèrent que Gary est comme ça, adorable, et soudainement possédé par ses vieux fantômes de fumier d’Afrikaner…


J’ai fait mon sac et je suis partie le lendemain matin… il était, de toutes façons, sans doute temps pour moi de découvrir le reste du Malawi.

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